L’exposition « Le Bénin en majesté » se déroule depuis le soir du samedi 21 mai 2022 dans la capitale sénégalaise en off de la 14ème édition de la biennale de Dakar, Dak’Art. Empruntant la peinture, le dessin, la sculpture, la tenture, la céramique, la photographie ou encore la ferronnerie, chaque artiste convié sait poser avec différence sa signature sur ce plateau des arts qui expose le Bénin.
Dans « Le Bénin en majesté » la Galerie Vallois (Paris) et de la Librairie aux 4 Vents-Mermoz (Dakar) donne l’occasion à treize artistes contemporains béninois des arts plastiques au Bénin de s’exprimer. De Dominique Zinkpè à Didier Ahadji, en passant par Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Kifouli Dossou, Euloge Glélé, King Houndekpinkou, Yves Apollinaire Kpédé, Makef, Sophie Négrier, Prince Toffa, Didier Viodé et Franck Zanfanhouédé chacun y laisse ses griffes autrement.
L’expo s’est ouverte avec une parade de Prince Toffa. Ce styliste et costumier sait bien exploiter les atouts naturels de son corps athlétique quand il se met en performance. Le peintre-couturier n’a plus les pagnes comme matière première mais des objets de récupération comme des capsules, morceaux de cannettes, sacs de jute, boîtes de conserves, gobelets, sachets, etc. Il est le géant mannequin des costumes qu’il en confectionne dans la folie des mesures.
A Dakar, le maître Zinkpè qui a su imposer son langage artistique dans le monde universel des arts plastiques avec les statuettes Ibédji ou Hoho (les jumaux) dans différents médiums s’illustre une fois encore par ses créations tirées des profondeurs de la culture endogène et de l’histoire de son pays. Aux côtés de lui, Didier Ahadji pose aussi sa particularité entre soudure et peinture pour sortir des sculptures métalliques racontant le quotidien, des histoires, …
Discipline de Zinkpè, Marius Dansou se distingue dans une autre dimension que celui de son maître pour se faire de la place. Il travaille sur les nattes -tresses locales appelées ayonouda- dans son pays. Lui, il fait sa tresse dans du fer à béton et selon différents modèles en rapport aux messages. Franck Zanfanhouédé, lui aussi disciple de Zinkpè, parle de la femme. Il rend hommage à la gente féminie et la défend contre les violences à travers ses sculptures en bois à l’allure de femme sur lesquelles il fixe des clous.
A du métal, Benjamin Déguénon ajoute lui, des étoffes prisant surtout les couleurs. Il en réalise ce qu’il appelle ‘’chimères’’ mi-humains mi-animaux pour redonner la parole à des peuples mais aussi défendre la flore et la faune. Les animaux retrouvent aussi leur droit dans les créations de Kifouli Dossou. Dans ses sculptures sur bois et avec d’autres matières dont du raphia, ce sculpteur s’est ancré dans la culture Guèlèdè.
Euloge Glèlè quant à lui, sort de toutes ses matières pour privilégier l’argile ou la céramique. Comme un potier, il réalise des portraits qui n’occultent aucun corps de métiers selon ses inspirations et selon des sujets qu’il aborde dans le quotidien des hommes. Dans sa démarche, ce descendant d’Abomey est aussi dans la culture vodoun notamment les divinités. King Houndekpinkou est aussi dans la céramique. Considéré aujourd’hui comme l’un des jeunes céramistes contemporains les plus en vue, il s’en sort autrement après sa formation auprès du maître céramique japonais Kayoko Hayasaki et à l’école parisienne Arts et techniques Céramiques (ATC). Il associe culture et spiritualité africaine et japonaise.
De la reproduction des bas-reliefs à la réalisation des peintures à base de sable, le ‘’doyen’’ Yves Apollinaire Kpédé s’exprime aujourd’hui dans les textiles et tapisseries associés à du bois, du métal et autres matières. Les-dessus, il fixe des énergies des dieux. Né dans la cité historique d’Abomey mais installé à Ouidah, il a le secret pour exploiter des éléments du vodoun.
Autodidacte, Makef est, en ce qui le concerne, dans une autre écriture. Il réalise ses dessins uniquement avec son stylo-bille sur des feuilles de cahiers d’écoliers. Son inspiration vit lors de ses nuits nomades ou insomniaques et jours d’errance. Exploitant aussi le dessins, Didier Viodé fait découvrir également une autre approche. Peintre, plasticien, graphiste, caricaturiste et dessinateur de bande dessinée, le diplômé de l’école des beaux-arts de Besançon utilise lavis d’encre de Chine sur de grandes toiles pour poser ses interrogations sur la place de l’humain dans son environnement politique, social et culturel et sur la complexité des rapports Nord/Sud, etc.
Loin de tous ces médium, l’artiste pluridisciplinaire française Sophie Négrier est beaucoup plus dans la photographie. Avec son objectif, elle exprime sa passion en noir et blanc dans un traitement spécifique. Son traitement donne un reflet d’un certain regard sur le sujet qu’elle aborde, sur les sujets qu’elle capte.
Le plateau qu’offre l’exposition « Le Bénin en majesté » à Dakar est riche et varié. C’est jusqu’au 21 juin prochain.