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Achat de vivres auprès des petits producteurs au Bénin: Les femmes étuveuses de riz accèdent au marché du PAM

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(1.366.000.000 F CFA pour elles, des vies changées mais encore des soucis)

Dans un processus d’achat de plus de 15 milles tonnes de produits locaux par le Programme alimentaire mondial (PAM) auprès de 71 organisations paysannes réparties dans 41 communes au Bénin, l’Union régionale des femmes étuveuses de riz des collines (URFER-C) est lauréate. Le premier contrat entre le PAM et l’Union est concrétisé pour 200 tonnes de riz étuvé dont 40 tonnes déjà livrées et 50 en cours. C’est au bout d’un processus avec l’appui de la Vice-présidente de la République du Bénin, Mariam Chabi Talata satisfaite de noter l’aboutissement heureux du processus au profit de ces braves femmes, et de les revoir toutes joyeuses.

Les petites productrices réunies au sein de l’Union régionale des femmes étuveuses de riz des collines (URFER-C) au Bénin souffrent d’accès au marché. Elles se battent pour produire en quantité mais n’ont pas de débouché pour l’écoulement de leurs produits. « En 2022, on avait stocké au moins 220 tonnes dans nos magasins qui sont restés sous nos bras sans avoir de clients pour commercialiser. On vendait ça au Nigéria qui ne nous paie même pas -des commerçants nigérians, ndlr-. Il y a nos sous qui sont restés impayés avec nos clients nigérians », raconte la responsable du centre de transformation de riz de la Coopération communale des étuveuses de riz (CCER) de Bantè, Nanako Kagniahoun. Cette page est désormais tournée. Elles sont soulagées grâce au partenariat signé avec le Programme alimentaire mondial (PAM). « Aujourd’hui, le PAM nous a fait sortir de nos difficultés que mes collègues témoignent. Notre stock de riz cette année tourne autour de 300 tonnes. On a pris l’engagement de vendre 200 tonnes au PAM dont 40 tonnes livrées et payées déjà et 50 tonnes en cours », confie Nanako Kagniahoun.

La cheffe coopération chargée des affaires à l’ambassade de canada s’en réjouit. Evelyne Dabiré relève que l’accès au marché était un défi dans le processus d’accompagnement de ces femmes pour leur autonomisation. Elle rappelle que l’ambassade du Canada a soutenu ces femmes pendant six ans à travers son projet d’appui à l’emploi féminine dans la filière riz mais pour que les acquis soient durables, il fallait un marché d’écoulement de leurs produits sans quoi elles ne peuvent pas produire à leur pleine capacité.

Mariam Chabi Talata dans la danse

La vice-présidente du Bénin Mariam Chabi Talata

La réponse à ce défi que célèbrent les uns et les autres est l’aboutissement heureux d’un processus avec la Vice-présidente de la République du Bénin en amont. Tout a commencé les 24 et 25 mars 2022. La vice-présidente de la République Mariam Chabi Talata était en visite au centre de transformation de riz de la CCER de Bantè en compagnie de l’ambassadrice du Canada pour découvrir les lieux et échanger avec ces femmes. « Je me rappelle encore de ces moments comme si c’était hier. Ce jour-là, nous nous sommes écoutés, nous nous sommes parlés. La principale difficulté, c’était l’écoulement des produits », se rappelle la vice-présidente. Elle informe avoir essayé de faire avec ces femmes, l’inventaire de tous ceux qui peuvent les accompagner dans la recherche de partenariat d’écoulement de leurs produits. Parmi ces derniers, elles avaient noté le PAM. Après compte rendu au Président de la République et sur ses instructions, la Vice-présidente a entamé des démarches auprès de différentes structures dont le PAM.

« Le PAM remplit sa part d’engagement »

Le Représentant résident du PAM au Bénin, Ali Ouattara.

Sur le parcours, les responsables du PAM ont manifesté à la vice-présidente leur disponibilité à effectuer les achats auprès de l’URFER-C. Le PAM ayant déjà une politique en la matière. « Dans un souci de renforcer la résilience des populations laborieuses et de garantir à chacun l’accès à une alimentation de qualité, le PAM s’est investi depuis plusieurs années à travailler étroitement avec de petits producteurs pour qu’ils augmentent leurs revenus par l’accroissement de leurs productions et l’accès au marché comme celui des cantines scolaires », informe le Représentant résident du PAM au Bénin, Ali Ouattara. Pour les cantines scolaires à travers le Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) du gouvernement béninois, c’est près de 1.300.000 enfants -soit plus de 10% de la population béninoise- qui bénéficient d’un repas chaud chaque jour de classe durant toute l’année scolaire. La proportion des achats locaux par rapport aux achats institutionnels est passée de 34% en 2022 à 53% en 2023.

Du coup, le PAM était l’aubaine pour ces productrices de l’URFER-C seulement qu’il y avait obligation que leurs produits répondent aux normes en matière de qualité pour accéder à ce marché. Le PAM s’est engagé à les former à l’instar d’autres petits producteurs du pays. « Le PAM renforce aussi les capacités des organisations paysannes pour une meilleure organisation, une meilleure gestion et une meilleure commercialisation, mais également offre des formations sur les bonnes pratiques de production, de stockage et de commercialisation », informe Ali Ouattara. Cela a été fait aussi avec l’URFER-C. « Je me suis rendu compte qu’ils -les responsables du PAM, ndlr- ont rempli leur part d’engagement et vos produits ont commencé par respecter les normes de qualité. La suite, vous avez désormais comme partenaire le PAM », témoigne la Vice-présidente de la République. 

L’URFER-C vend désormais sur le marché du PAM. Au-delà des 200 tonnes de riz étuvé retenues pour le premier contrat et entièrement destinées au programme de cantine scolaire au Bénin, le PAM est disposé à en prendre davantage autant que les normes de qualité seront respectées, à en croire le Représentant résident. Il souligne que c’est du riz étuvé non poli qui a une grande valeur nutritive comparativement au riz blanc importé.

« Plus de 6,9 milliards francs Cfa injectés dans l’économie nationale en une année »

En plus de l’URFER-C, trois autres coopératives d’étuveuses sont en partenariat avec le PAM dont la Coopérative communale des étuveuses de Ouèssè et les Femmes debout de Tanguiéta. Si les contrôles qualités sont positifs à leur niveau aussi, ce sera plus de 2280 tonnes à acheter auprès de ces femmes pour plus de 1.366.000.000 de F Cfa, fait savoir Ali Ouattara. Il rappelle que ces achats rentrent dans le contexte de la politique globale de promotion des achats locaux de vivres pour les projets du PAM. Le volume des achats locaux auprès des petits producteurs et des fournisseurs institutionnels est passé de 2900 tonnes en 2017 à plus de 21000 tonnes en 2023 correspondant à plus de 6,9 milliards francs Cfa injectés dans l’économie nationale en une seule année, informe-t-il. « Les volumes des achats locaux auprès des petits producteurs est passé de 300 tonnes en 2021 à 901 tonnes en 2022 et 7622 tonnes en 2023. Cela a permis de verser aux petits producteurs en 2023 plus de 2.160.000.000 F Cfa », précise-t-il. « Les perspectives pour cette année 2024 sont de l’ordre de 33.968 tonnes dont 19.493 tonnes auprès des petits producteurs. […] Le défi, c’est l’achat d’au moins 90% des vivres auprès des petits producteurs », annonce la Secrétaire générale du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Françoise Assogbla Komlan.

Des vies changées

La secrétaire générale du ministère de l’agriculture atteste qu’au-delà de l’amélioration de la nutrition des enfants, ces achats locaux contribuent au renforcement de l’économie locale. A ce propos, la Vice-présidente de la République avoue avoir noté les impacts déjà à travers l’apparence des femmes bénéficiaires. « Aujourd’hui où je suis venue vous voir, j’ai senti en vous regardant, que vous êtes maintenant plus épanouies qu’hier. Les sourires dans les visages, la beauté … », a-t-elle affirmé lors de sa nouvelle visite au centre de transformation de riz de la CCER de Bantè le jeudi 13 juin 2024. « Je suis sûre qu’avec ce partenariat avec le PAM, dans vos maisons il y a eu des changements, vos enfants vont à l’école sans soucis, ils sont mieux nourris et vous arrivez à régler vos problèmes sociaux avec le moins de difficultés possibles », ajoute-t-elle. 

La présidente de l’URFER-C Augustine Toto Agbanrin.

Aussi, ce partenariat permet-t-il à l’URFER-C de gagner à nouveau la confiance des institutions de microfinance afin d’avoir accès à des crédits à la hauteur de leurs besoins financiers de production. « Nous souffrons d’un crédit adapté à notre activité. Le crédit qui est octroyé aux femmes cette année 2024 est à 40% de notre besoin. Ce qui a fait que nous n’avons pas pu faire assez de stock parce que compte tenu de l’expérience que nous faisons avec les institutions de microfinance, l’histoire de 2022 nous a rattrapées, et ces institutions ne nous faisaient plus confiance. Avec la présence du PAM à nos côtés aujourd’hui, nous avons commencé par rembourser le peu de crédit mis à notre disposition. Les années à venir on aura plus de stock et aller à au moins 1000 tonnes de riz fourni au PAM pour nourrir nos enfants à l’école », expose la présidente de l’URFER-C Augustine Toto Agbanrin.

Mais encore des soucis

Il va falloir tout mettre en œuvre pour pérenniser ce partenariat, selon la Vice-présidente de la République. Mariam Chabi Talata invite ces femmes bénéficiaires à redoubler d’ardeur non seulement pour augmenter leur productivité mais également améliorer la qualité des produits. Elle les exhorte à renforcer leur union. « Cette union qui a permis d’atteindre ce niveau, il ne faut pas la perde. Il faut travailler à maintenir la cohésion pour qu’elle dure pour le bonheur non seulement des populations de Bantè mais du Bénin tout entier », a-t-elle conseillé. Pour sa part, elle est engagée à continuer le plaidoyer surtout face aux difficultés qui persistent encore. En termes de difficultés, le maire de Bantè Comlan Fagbémon évoque entre autres, le manque d’un transformateur pour avoir une énergie de qualité dans le centre, le manque d’usine fonctionnelle, le mauvais état des pistes rurales, la faible capacité de stockage et de conservation des produits et la faible exploitation des bas-fonds.

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