Les Ong Ceradis, Apem et Equi-Filles ont, dans la matinée de ce samedi 30 mars 2024 à Cotonou, remis à la présidente de l’Institut national de la femme (INF) au Bénin, une pétition intitulée « La société civile dit non aux mutilations génitales féminines ». Soutenues par Cuso international dans cette action de plaidoyer et de mobilisation notamment de la volonté politique contre la pratique des mutilations génitales féminines, c’est leur manière de marquer d’un cachet spécial l’édition 2024 de la Journée internationale des droits de la femme.
« Madame la présidente de l’INF. Nous voici réunies devant vous, les Ong Ceradis, Apem et Equi-Filles pour vous remettre la pétition qui a été conçue à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme pour attirer davantage l’attention sur la nécessité de continuer à prendre des initiatives pour bouter de notre territoire les pratiques relatives à la mutilation génitale féminine ». C’est par ces mots, que le directeur exécutif de Ceradis Ong, Nourou Adjibadé, a transmis officiellement à la présidente de l’Institut national de la femme (INF), Maître Huguette Bokpè Gnacadja, la pétition « La société civile dit non aux mutilations génitales féminines (MGF) ». C’était ce matin, à la faveur d’une cérémonie officielle qui s’est déroulée à l’hôtel Casa Cielo à Cotonou.
Le cri de cœur des OSC contre les MGF
C’est une action de plaidoyer initiée par ces trois organisations de la société civile en partenariat avec Cuso international pour marquer la journée internationale des droits de la femme, à en croire le directeur exécutif de Ceradis Ong. « Cette année, nous avons souhaité mettre davantage le focus sur cette pratique néfaste qui porte lourdement atteinte aux droits de la femme notamment aux droits à la santé, aux droits à son intégrité physique et morale et également à sa dignité », confie Nourou Adjibadé. « Les mutilations génitales féminines constituent une violation des droits de la femme, une violence basée sur le genre », a-t-il insisté.
L’objectif unique de leur démarche est de « contribuer à la mobilisation de la volonté politique et à l’obtention des engagements pour l’éradication des MGF », font-elles savoir dans le document. « La présente pétition se veut une démarche de plaidoyer et se veut essentiellement un cri de cœur en vue d’exhorter le gouvernement et l’ensemble de ses démembrements à se pencher favorablement sur la question et à prendre des mesures décisives allant dans le sens de l’éradication des MGF. A travers cette mobilisation, nous voulons interpeler la conscience de la communauté nationale et par la même occasion, les gouvernants et les honorables députés à se donner la main pour une élimination sans délai des MGF dans notre pays. », lit-on dans la pétition.
Urgence d’accorder priorité contre les MGF
Cette manière de commémorer la journée internationale des droits de la femme est bien inspirée selon le représentant au Bénin de Cuso international, Landry Sabin Faton. Il rappelle qu’en 2007, le Bénin avait été déclaré comme un pays non à risque en matière de MGF mais bien après, il y a eu résurgence du phénomène. « Il y a quelques années, nous avons pu bomber le torse pour dire, en ce qui concerne le Bénin, il n’y a pas à craindre. Cette rencontre vient nous rappeler que le combat n’est pas terminé », renchérit la présidente de l’INF. Du coup, il y a urgence d’actions concrètes pour protéger ces filles en proie à cette pratique secrètement dans des régions du pays, relève le représentant de Cuso international. « L’heure n’est plus aux discours. Il faut que nous puissions accélérer le rythme. N’attendons plus demain ; ne lisons plus les discours ; agissons maintenant pour protéger les filles », lance Landry Sabin Faton.
« Effectivement, nous sommes dans l’urgence. Nous parlons de filles, de jeunes filles et de femmes dont l’âme et le corps sont définitivement brisés. La pratique met en danger la santé biologique ; tue ; rend les femmes frigides ; tue leur santé mentale ; tue la joie, l’espérance, l’estime de soi, la confiance en soi ; viole les droits de la femme », dira la présidente de l’INF. Maître Huguette Bokpè Gnacadja relève qu’il s’agit surtout d’une pratique socialement valorisée dans certaines régions. Et c’est là, la complexité de la lutte. Elle soutient que priorité doit être accordée à ce combat.
L’engagement de la présidente de l’INF
Maître Huguette Bokpè Gnacadja se dit consciente de la responsabilité pour elle à recevoir la présente pétition et s’engage à la porter dans la sphère décisionnelle du pays, au sein de l’INF, au niveau des ministères, au parlement, vers toute personne ayant une parcelle de décision, etc. Ceci, dit-elle, « pour que cela devienne une alerte nationale, pas (seulement) de quelques personnes ». « Je prends l’engagement de le faire », a affirmé la présidente de l’INF.