Au Bénin, les violences basées sur le genre (VBG) persistent en dépit de l’arsenal et du mécanisme juridiques en place. Elles se manifestent sous diverses formes avec des prévalences qui varient. Zoom sur les VBG au Bénin.
La violence basée sur le genre (VBG) est tout acte violent, y compris la menace, la coercition et le potentiel de violence, perpétré contre la volonté d’une personne et « fondé sur des normes de genre et une dynamique de pouvoir inégale » selon l’UNHCR (UN High Commissioner for Refugees, USA https://www.unhcr.org/en-us/sexual-and-gender-based-violence.html).
L’étude sur les violences basées sur le genre au Bénin publiée en août 2022 la définit comme « une violence faite en tenant compte de la considération des rôles, comportements, activités, fonctions et chances qu’une société considère comme adéquats pour les hommes et les femmes, les garçons et les filles et les personnes qui n’ont pas une identité binaire ».
Quand bien même cette étude de référence sur les VBG relève qu’aucun texte de loi au Bénin ne mentionne la définition de la violence basée sur le genre en général, la loi N°2021-11 du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et de protection de la femme en République du Bénin spécifie en son article 1er que « constitue une infraction à raison du sexe des personnes, toute infraction pour la commission de laquelle le sexe de la victime est la considération préalable ». La violence basée sur le genre est l’une des violations des droits de la personne les plus répandues au monde. « Il s’agit de tout type d’acte préjudiciable perpétré contre une personne ou un groupe de personnes en raison de leur sexe, de leur genre, de leur orientation sexuelle mais également de leur identité de genre, réels ou perçus », a rappelé le Directeur général de l’Observatoire de la famille, de la femme et de l’enfant (OFFE) Dr. Nassirou Kassoumou Hararou, lors d’une présentation de ce rapport.
Formes et manifestations des VBG
La violence basée sur le genre prend diverses formes. Au Bénin, le Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance (MASM) à travers le Système Intégré de Données relatives à la Famille, la Femme et l’Enfant, Nouvelle Génération (SIDoFFE-NG) renseigne entre autres formes de VBG, les violences psychologiques ou morales, les violences physiques, les violences économiques, les violences sexuelles, les violences patrimoniales, les violences en ligne.
La violence psychologique ou morale est « le fait de soumettre toute personne à des agissements ou paroles répétées ayant pour objet ou pour effet, une dégradation des conditions de vie susceptibles de porter atteinte à ses droits et à sa dignité […] ». On entend par violence économique « le fait d’user de ses moyens pour ralentir ou empêcher l’épanouissement économique ou financier de toute personne, ou le fait d’empêcher toute personne de jouir de ses droits socio-économiques ».
« Tout acte ayant pour effet de dégrader ou d’entrainer un dommage pour le corps et/ou la sexualité de la victime et qui, par conséquent, porte atteinte à sa liberté, à sa dignité et à son intégrité physique » est qualité de violence sexuelle. « Il s’agit de tout acte sexuel commis, des abus sexuels, des tentatives d’abus sexuels, des attouchements, des allusions sexuellement explicites, de l’exploitation sexuelle, du viol, du harcèlement sexuel, des mutilations génitales féminines, des mariages forcés/précoces, etc. Elles sont également toute tentative d’initier un acte sexuel, en usant de la coercition, de la force, de la menace ou de la surprise. »
Quant à la violence physique, elle est définie comme « tout type d’acte entrainant un dommage non accidentel moyennant le recours à la force physique ou à tout type d’arme ou d’objets pouvant provoquer ou non des lésions internes, externes ou les deux à la fois ». La violence patrimoniale est « tout acte ou négligence affectant la survie de la victime et consistant à transformer, soustraire, détruire, retenir ou détourner des objets, documents personnels, biens et valeurs, droits patrimoniaux ou ressources économiques, destinées à couvrir ses besoins et pouvant s’étendre aux dommages causés aux biens communs ou propres à la victime ».
Le phénomène se développement de plus en plus aussi par de nouveaux canaux dont les technologies de l’information et de la communication (TIC). On parle de violence en ligne, violence numérique ou « cyberharcèlement ». C’est « un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule » (Smith et al., 2008). Ces différentes formes de violences se distinguent par leurs diverses manifestations. (confère Tableau1, Tableau 2).




Prévalence
Sur la base des données du SIDoFFE-NG, au total 49907 cas de VBG (toutes catégories confondues) ont été enregistrés entre février 2019 et février 2022. La même plateforme indique 55.982 cas enregistrés et pris en charge de 2022 à octobre 2024. Les violences psychologiques et morales prédominent sur toutes les formes. Les violences psychologiques ou morales (19938 cas), les violences physiques (6267 cas), les violences économiques (5749 cas), les violences patrimoniales ou culturelles (1505 cas), les violences sexuelles (1049 cas), le harcèlement (613 cas), les enlèvements et séquestrations (439 cas), le lévirat (340 cas) et l’inceste (61 cas) entre 2019 et 2022. Les violences psychologiques et morales enregistrés et pris en charge de 2020 à 2023 font 44235 sur 94001, représentant 47,06%.



Les VBG touchent aussi bien les hommes et garçons que les femmes et filles mais les femmes et les filles paient les plus lourdes tribus. « La violence basée sur le genre peut concerner aussi bien les hommes que les femmes. Elle peut être commise par un homme ou par une femme », affirme l’assistante sociale Fernande Adekou. Entre 2020 et 2023 par exemple, on note 86,17% de femmes et filles touchées. L’étude de référence indique que « la prévalence des violences basées sur le genre est estimée à 45,9% parmi les enfants de 3 – 14 ans contre 58,5% parmi les personnes de 15 ans ou plus. Selon les sous-groupes d’âge, c’est parmi les adolescents de 15 – 19 ans que la prévalence est plus élevée (67,1%), tandis que la plus faible proportion (21,7%) a été enregistrée parmi les enfants de 3 – 5 ans ». Les tendances définies par l’étude restent constantes quelle que soit la période définie pour l’extraction des données dans le SIDoFFE-NG, à en croire le DG OFFE.
Avec la collaboration de CeRADIS-ONG, membre de l’Alliance Droits & Santé