Opérationnelle depuis cinq (05) ans, la salle de classe numérique du Collège d’Enseignement Général 1 (CEG 1) d’Allada dans le département de l’Atlantique révolutionne l’apprentissage et l’enseignement en offrant aux élèves et à leurs enseignants, un accès étendu à une multitude de ressources en ligne.
« Notre salle est bien équipée et nous permet de faire beaucoup de recherches dans diverses matières. J’aimerais qu’on y fasse cours tous les jours », déclare Rodolpho, un élève de la classe de Seconde AB au CEG 1 d’Allada situé à 54 km au nord de Cotonou. Son enthousiasme illustre les effets positifs de la salle de classe numérique sur son apprentissage. La création de cette salle s’inscrit dans le cadre de la « Généralisation de l’usage du numérique par l’éducation et la formation », l’un des projets phares inscrits au programme d’actions du gouvernement béninois ayant pour but de renforcer la qualité de l’enseignement, les compétences nationales et préparer les nouvelles générations aux usages numériques.
Dans la mise en œuvre de ce projet le gouvernement, via le ministère du Numérique et de la Digitalisation, a investi dans les infrastructures numériques à travers le déploiement de salles multimédia sur l’ensemble du territoire. « À ce jour, le pays compte 34 salles numériques », a souligné Aurélie Adam Soulé Zoumarou, la ministre du Numérique et de la Digitalisation, au cours d’une émission de reddition de comptes en novembre 2024 sur la chaîne YouTube de la Présidence du Bénin.
« L’initiative des salles de classe numériques va dans le sens de la volonté du gouvernement de ne pas faire des apprenants béninois, des sous-formés ou des formés en retard par rapport à la technologie à côté de leurs pairs des autres pays » a déclaré la ministre à cette occasion, promettant que 31 autres seront déployées progressivement.
Inaugurée en novembre 2019, la salle d’Allada, comme les autres, est dotée de 41 tables et chaises, 41 ordinateurs dont un (01) avec des logiciels de gestion de classe, des contenus numériques pédagogiques pour l’enseignant. On y retrouve aussi un (01) tableau numérique blanc, un (01) vidéoprojecteur, un (01) routeur pour la connexion internet, etc… La salle est également équipée de deux (02) climatiseurs solaires, d’une (01) armoire de rangement et de charge des machines, etc.
Tout est numérique
Dès la mise en place de la salle, élèves et enseignants ont été formés et continuent de se former à son utilisation, selon Eloi Dounon, directeur du CEG 1 d’Allada. Il souligne que les élèves ont amélioré leurs compétences et leur maîtrise numérique, tandis que les enseignants sont outillés pour améliorer leurs fiches pédagogiques.
Patricia et Othniel, tous deux élèves en classe de seconde AB, préfèrent la projection des cours, car elle les rend plus accessibles et plus compréhensibles. Patricia apprécie particulièrement les vidéos projetées pendant les cours d’allemand pour leur richesse d’informations visuelles et auditives, qui facilitent sa maîtrise de la langue.
La salle a également contribué à l’évolution des pratiques pédagogiques, permettant aux enseignants d’utiliser des méthodes plus interactives et engageantes. Didier Dagba, professeur certifié d’allemand et point focal, estime que le numérique rend les cours interactifs et engageants. « Sur l’ordinateur de l’enseignant sont installées des applications qui permettent de travailler directement sur le tableau avec des stylets. Toutes les matières peuvent passer. Même les mathématiciens ont leurs outils numériques. Ils peuvent aller chercher les compas virtuels pour tracer des figures. Tout est numérique», explique-t-il.
Partageant sa propre expérience, M. Dagba ajoute qu’il peut préparer des évaluations, les envoyer aux élèves, collecter les copies numériquement et les corriger directement sur son ordinateur. « Enseigner avec des outils numériques est nettement meilleur si on maîtrise l’outil informatique », conclut-il.
Soutien continu et défis
Le fonctionnement de la salle multimédia repose sur une disponibilité continue. Arrivée en décembre 2024, Léa Ganvi, la gestionnaire présente tous les jours de la semaine pour soutenir les élèves et les enseignants dans leurs activités numériques. Elle note que les élèves sont « contents » et qu’ils manifestent un fort intérêt pour l’informatique, en témoigne le programme actuel d’inscription aux cours d’initiation dont la première vague a démarré début février.
Malgré les avancées notées, la salle fait face à des difficultés comme la panne des batteries à laquelle le collège pare actuellement en mettant à disposition l’électricité. Si le problème de la disponibilité de la connexion a été résolu grâce à l’intervention de l’Agence des systèmes d’information et du numérique (ASIN), le bras opérationnel du ministère du Numérique et de la Digitalisation, d’autres défis subsistent.
Au nombre de ceux-ci, le casse-tête des classes surchargées qui posent un défi majeur pour l’utilisation de la salle numérique. M. Dagba indique que les effectifs dépassent souvent les cinquante élèves, ce qui limite l’interaction avec les enseignants. A la tête d’un établissement de 3 200 collégiens, Eloi Dounon souligne que certains élèves n’ont pas accès aux ordinateurs en raison de l’espace insuffisant. Tous plaident pour des salles numériques adaptées aux effectifs et en nombre suffisant afin de permettre à tous les élèves un accès équitable aux équipements.
Flore NOBIME
Cet article est rédigé dans le cadre de la Bourse du Programme de journalisme sur les infrastructures publiques numériques (IPN) de la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec Co-Develop.
