Tout est fin prêt pour l’effectivité de l’extension à 75% du taux de couverture des écoles dans le cadre du Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) du gouvernement béninois mis en œuvre par le Programme alimentaire mondial (PAM). C’est du moins à en croire le représentant résident du PAM au Bénin, Guy Adoua. A la sortie d’une rencontre dans le septentrion en début de cette semaine entre les agences du Système des Nations-Unies au Bénin avec leurs partenaires autour de leurs interventions en générale, Guy Adoua intervient ici sur le cas spécifique relatif à cette nouvelle étape à franchir pour le compte du PNASI au Bénin. Laquelle étape concerne un ajout de plus de 1800 écoles aux 3850 déjà bénéficiaires du programme et portera le nombre d’enfants à nourrir par jour de classe à plus de 900.000. Interview.
Le passage à 75% du taux de couverture du Programme des cantines scolaires au Bénin devra être une réalité dès le mois prochain. A quelques jours, comment le PAM compte amorcer cette étape importante ?
Le programme a commencé depuis 2017-2018. Au fil des années, on a beaucoup appris dans la gestion des cantines scolaires dans un conteste comme celui que nous vivons ici. Nous devons tirer profit de cette expérience pour pouvoir attaquer la phase d’extension. Nous avons des équipes bien rodées. Actuellement, nous avons près de 80 personnes sur le terrain en train de passer, sensibiliser, préparer les communautés, préparer les infrastructures, regarder avec les cuisiniers, mettre en place les comités de gestion. C’est cette expérience que nous avons acquise qui nous amène à anticiper et à mieux nous préparer. Pour nous, les choses se passent très bien. J’ai eu des retours de plusieurs départements. Presque les infrastructures sont prêtes, beaucoup de choses sont installées. Je saisi l’occasion pour remercier les communautés qui se sont organisées. J’ai été impressionné de voir les taux de 90%, 95% de communauté déjà prête. D’autres ont commencé à mettre même leurs moyens avant de voir leurs enfants manger. Je pense que ça c’est un bon résultat. Avec ça, je suis très optimiste. Je pense qu’on va y arriver, surtout qu’on travaille avec la communauté. Le secret, c’est ne pas venir imposer à la communauté mais faire avec la communauté ; accepter que la communauté aussi vienne avec des idées. C’est de cette manière que la communauté aussi pourra s’impliquer. Donc c’est l’expérience que nous sommes en train de tester et ça marche très bien.
De cette expérience autour des cantines scolaires, le PAM agit pour la sécurité alimentaire ? Dites-nous comment ?
Les cantines scolaires pour nous, c’est une porte d’entrée pour le développement des communautés. Le programme projette même d’acheter autour de 40.000 tonnes de vivres par année pour faire fonctionner les cantines scolaires ? Et si les 40.000 tonnes étaient achetées localement, cela donnerait des moyens aux femmes et aux jeunes de produire. Cela contribue aussi à l’autonomisation de ces groupes vulnérables. De ce fait, ces communautés, ces jeunes, ces femmes vont produire, bénéficier aussi de renforcement de capacités par le PAM et arriver à produire des aliments qui soient compétitifs sur le marché en qualité et en quantité.
La sécurité alimentaire, ce n’est pas seulement le manque de vivre. C’est aussi comment utiliser ce qui est disponible. Souvent, nous ne le faisons pas. Pour nous, à travers déjà les cantines scolaires, nous sommes en train de contribuer aussi à la résilience des communautés qui vont produire, qui vont vendre et avec l’argent faire face à d’autres besoins. C’est ça la sécurité alimentaire. Nous avons une opportunité : c’est les cantines scolaires. L’avantage est que les cantines scolaires sont dans toutes les 77 communes du Bénin. Nous voulons que le Bénin à travers les cantines scolaires soit un modèle qui va permettre aux autres pays de venir voir et s’en inspirer. C’est vraiment un programme à la fois pour l’éducation, pour la santé, pour la protection sociale. Nous devons en tirer profit.
Quels sont les défis pour y arriver ?
Le premier défi et le principal, c’est la question de l’eau. Je sais que le gouvernement est en train de travailler beaucoup -là-dessus-. L’hygiène passe par l’eau ; les femmes cuisinent avec l’eau, lavent les assiettes avec l’eau ; les enfants se lavent les mains avec l’eau ; même les jardins autour des écoles, il faut qu’il y ait de l’eau. Les cantines vont vite. En quatre ans, cinq ans, on est passé de 21 à 75%. Malheureusement, l’eau ne suit pas. C’est des réalités. On ne peut pas peut-être demander trop. Mais en attendant que l’eau n’arrive là, il faut qu’on trouve des moyens parce que les cantines ne vont pas attendre, il faut qu’elles fonctionnent. Donc nous devrons trouver des solutions intermédiaires. Nous devons travailler aussi pour que la nourriture produite localement soit disponible. Ce n’est pas seulement des vivres qui seront là, il faut travailler sur la qualité pour que les enfants qui vont consommer ces vivres se retrouvent. Nous, on veut améliorer leur état nutritionnel. Voilà les principaux défis, mais les communautés, c’est aussi un défi. Il faut beaucoup sensibiliser les communautés. Là où elles sont impliquées, le programme fonctionne et ça réduire aussi les cambriolages.
Blaise Ahouansè