Deux panels de discussion autour de l’intelligence artificielle ont marqué la matinée du vendredi 5 juillet 2024 à l’Institut français du Bénin (IFB) à Cotonou dans le cadre de la 8ème édition du festival international de dessin au Bénin, Vootoon.
C’est la fête du dessin au pays du vodoun depuis le lundi 1er juillet dernier. Vootoon, le festival international de dessin au Bénin, déroule son agenda de la 8ème édition à travers plusieurs activités sur plusieurs sites à Cotonou. Dans la matinée du vendredi 5 juillet 2024, l’Association des Storyboarders du Bénin (AS-Bénin), organisatrice de l’événement, a convié professionnels et amateurs des arts visuels à l’Institut français du Bénin (IFB) à Cotonou. Le rendez-vous débat a été focalisé sur l’avènement de l’intelligence artificielle (IA). C’est à travers deux panels de discussion.
Au niveau du premier, les panélistes se sont exprimés sur les « défis éthiques et esthétiques de l’IA » dans le domaine des arts visuels. Lionel Attere, Friggens Tossou et Philippe Hachémè ont abordé le sujet sous plusieurs angles à savoir, la reconnaissance de l’œuvre générée par l’IA par rapport à celle produite par un artiste ; les droits d’auteurs sur une œuvre créée grâce à l’IA ; la menace sur les emplois ; les pièges de l’IA pour ceux qui brûlent les étapes fondamentales de la création se confiant à l’IA ; la nécessité pour des artistes de se surpasser ; l’éducation du consommateur à l’art authentique ; etc.
En commun, ils reconnaissent la révolution que l’IA apporte dans le secteur et en même temps la nécessité pour les professionnels de savoir s’y adapter. Philippe Hachémè, qui pour l’instant n’exploite pas encore l’IA dans ses créations, reconnait que c’est une technologie qui surprend. Et cela demande aux artistes de rendre plus performants leurs styles, selon Lionel Attere. « Il faut faire évoluer nos démarches créatives », renchérit Friggens Tossou. Pour eux, ce sera la clé pour ne pas subir une disparition au profit de l’IA même s’ils défendent que dans le domaine des œuvres de l’esprit, cette révolution technologique ne pourra pas remplacer entièrement l’humain.
L’auteur béninois de bande dessinée Paul Kpitimè et ses collègues dont la franco-camerounaise Annick Kamgang ne diront pas le contraire au niveau de leur panel consacré au thème « Intelligence artificielle : nouvelle opportunité pour les artistes dessinateurs ? ». Pour eux, l’IA est un outil qui vient accompagner le créateur. Mais en dépit de ses multiples avantages dont le gain de temps et le gain économique, Paul Kpitimè qui sait bien en tiré profit souligne que l’artiste doit se garder de confier toute sa création à cette technologie au risque de perdre lui-même sa signature. « L’émotion et le sentiment que l’artiste met dans la création, l’IA ne l’a pas. C’est la touche artistique que vous apportez en tant que dessinateur qui fait la différence », affirme le dessinateur du haut de ses plus de 20 ans déjà dans le dessin. Aussi jalouse de sa signature, Annick Kamgang affirme : « J’ai une signature graphique que l’IA n’a pas ». Notons que le festival Vootoon vise à faire vivre au public toutes les facettes du dessin. C’est un carrefour d’expression pour les passionnés de cet art.