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Initiative communautaire: Le « Franc Coton » génère plusieurs millions à la cantine scolaire à Founougo

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Les producteurs de coton dans l’arrondissement de Founougo à Banikoara apportent chaque année leur appui financier au Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) au Bénin. C’est à travers l’initiative « Franc Coton ».

Les 37 écoles primaires publiques à cantine scolaire dans l’arrondissement de Founougo à Banikoara ainsi que les écoles communautaires reçoivent chacune une enveloppe financière de 100.000 F CFA chaque année de la part de l’association des producteurs de coton de l’arrondissement. C’est depuis l’année scolaire 2021-2022, à en croire le président de l’Union communale des coopératives villageoises des producteurs de coton de Banikoara, Naga Yô Sabi Goni, actuel chef de l’arrondissement de Founougo. Rencontré dans la matinée du jeudi 20 juin 2024 à l’école primaire publique Djadja, une des écoles bénéficiaires, il raconte que ces fonds sont issus de la caisse de l’initiative « Franc Coton » portée par les producteurs de Coton. Elle consiste à prélever 1F CFA sur chaque kilogramme de Coton vendu.

Une capacité d’environ 50.000.000 F CFA pour le développement à la base

Une réunion de la communauté à Djadja

Aux dires du président de l’Union, le Franc Coton est une vielle initiative, suspendue entre temps à Founougo pour crise de confiance au sujet de la gestion, qu’il a pu ressusciter en 2013. « Cela a démarré en 2013 où je suis élu président de l’Union. C’est à ce moment que j’ai réuni toutes les 55 coopératives exerçant dans l’arrondissement de Founougo. A l’époque, je n’étais pas CA –chef d’arrondissement, ndlr-. Je leur ai suggéré si au niveau de l’arrondissement, ne serait-il pas possible qu’on souscrive sur notre production chaque année pour pouvoir subvenir aux besoins de la communauté. Ça a été voté 47 sur 55 », rappelle-t-il.

Dans la première année de mise en œuvre, l’association des producteurs de coton de Founougo a fait une récolte de 14.000 tonnes. Du coup, le « Franc Coton » a généré 14.000.000 F CFA. Naga Yô Sabi Goni informe que Founougo est désormais le premier arrondissement en production de coton dans la commune de Banikoara avec une récolte qui va jusqu’à 50.000 tonnes. Il a enregistré 47.000 tonnes pour la saison cotonnière 2024, ce qui devrait générer 47.000.000 F Cfa pour le Franc Coton. 

Avec ce fonds, l’association des producteurs au niveau de l’arrondissement investit dans divers domaines. Il y a eu entres autres, la construction d’infrastructures scolaires au secondaire, l’électrification et équipement du centre de santé de l’arrondissement, la construction de magasin de stockage des semences, etc. « On intervient presque dans tous les secteurs », informe le président de l’Union.

Pourquoi investir le Franc Coton dans la cantine scolaire ?

Naga Yô Sabi Goni, président de l’Union communale des coopératives villageoises des producteurs de coton de Banikoara

C’est en 2020, quand Naga Yô Sabi Goni a été élu CA, qu’il va proposer qu’une partie du fonds soit investie aussi dans la cantine scolaire. Et pour cause ! « J’ai dit, ce sont les pauvres producteurs qui souscrivent les 1 F. Pourquoi ne pas les aider à travers la cantine scolaire en les aidant au niveau des condiments où chaque fois quand on demande d’amener 25F ou 50F par enfant, cela empêche certains enfants de manger parce qu’il y a la pauvreté à la maison ? ». C’est ainsi que chaque école perçoit désormais 100.000 F CFA par année scolaire depuis trois ans déjà.

Au-delà des 37 écoles publiques à cantine scolaire, l’association prend en compte aussi les écoles communautaires de l’arrondissement. « Ça fait la troisième édition. Chaque année, cela nous coûte 4.600.000 F CFA. Mais la première année, on n’avait pas pris en compte les écoles communautaires. C’est à partir de la deuxième année que nous nous sommes intéressés à elles. Même si ces établissements n’ont pas tous la cantine scolaire, il faut les prendre en compte parce qu’ils ont des enseignants communautaires qu’ils doivent payer. Donc on leur fait ce petit geste pour les soutenir », explique le président. « Nous pensons que si la production cotonnière s’améliore, nous allons intensifier cette contribution communautaire au niveau de chaque entité. », annonce-t-il. 

Cette contribution « Franc Coton » sert principalement à acheter les condiments et des fretins puis moudre le maïs dans les écoles à cantine scolaire. « Le nom qu’on lui a donné, c’est soutien aux achats de condiments », indique le président de l’Union. « Ce sont ces 100 milles que nous utilisons pour acheter les condiments, de la viande et des œufs s’il le faut », confirme Taho Tamou, magasinier à l’Epp Djadja. Cela permet de couvrir les dépenses en la matière sur presque toute l’année scolaire, à en croire Méré Bio Gagou, président cantine à Djaja. Le peu de temps pour terminer l’année est géré par la coopération. 

Kpagniro Yarou, mère d’élève à l’Epp Djadja

Ce Franc Coton permet également d’avoir désormais le sourire des enfants chaque matin, selon Ali Mamoudou. « Au moment où les 100 milles n’étaient pas donnés, chaque matin, il faut trouver 100 F à l’enfant pour qu’il puisse aller à l’école. Le jour où tu n’en trouves pas, si tu vois son visage, tu as envie de pleurer », raconte-t-il. « Avant, s’il y a 5 enfants dans une maison, les parents se débrouillent pour envoyer trois à l’école. Les deux autres restent à la maison. Mais aujourd’hui avec la cantine scolaire, c’est 5/5 à l’école », renchérit dame Kpagniro Yarou.

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