Les travailleurs béninois souffrent du manque d’un dialogue social tripartite fructueux depuis quelques années. Et plusieurs éléments illustrent le recul du Bénin en matière de dialogue social tels que la dissolution par le gouvernement du Conseil National du Dialogue Social (CNDS), la suppression du Conseil National du Travail (CNT), l’exclusion des travailleurs du Conseil Economique et Social (CES).
C’est donc pour définir un mécanisme plus efficace aux syndicats que le Bureau International du Travail (BIT) a répondu aux cris de cœur des centrales et confédérations syndicales en initiant un atelier sur la problématique. Les travaux de cet atelier d’échanges ont été ouverts ce mercredi 23 octobre 2024 à l’Hôtel Bel Azur de Cotonou. Il réunit les leaders des Centrales syndicales représentatives, les leaders des Centrales syndicales non-représentatives et des experts en dialogue social et ODD.
Un contexte amer
Pour le Porte-parole des organisations syndicales, Anselme Amoussou qui a présenté le contexte des assises, c’est une occasion à saisir pour faire évoluer la qualité du dialogue social au Bénin. « Il s’agit d’un dialogue social que nous avons toujours voulu tripartite parce que pour nous le tripartisme permet vraiment d’avoir les trois parties pour un dialogue social efficace. Mais le constat fait est que le tripartisme ne fonctionne pas comme nous le souhaitons au Bénin. Et la plupart du temps, les organisations syndicales remarquent que la partie gouvernementale ne joue pas sa partition de façon optimale. La remarque qui a alimenté cette demande du BIT est que dans bon nombre d’entreprises privées, ce qui est mis en place pour gérer les relations professionnelles semble fonctionner.
On voit un type de syndicalisme, d’employeurs qui font les efforts qu’il faut pour que le dialogue social fonctionne au sein de l’entreprise. On a moins de conflit ouvert dans le privé. C’est comme si le bipartisme (syndicats et employeurs privés) peut être un élément capable d’alimenter et corriger et améliorer le dialogue social tripartite » a expliqué le secrétaire général Anselme Amoussou. Durant donc trois jours, il va s’agit d’examiner les voies et moyens pour faire du dialogue social au Bénin un véritable outil de gouvernance et de développement en renforçant davantage le dialogue bipartite pour voir dans quelle mesure l’utiliser pour un tripartisme fructueux.
Le soutien indéfectible du BIT, les ODD comme un pont
Pour la Représentante du BIT, Spécialiste principale pour les activités des travailleurs – Bureau Pays Abidjan, Kattia PAREDES MORENO, parler de dialogue social suppose un certain nombre de conditions et notamment : l’existence des institutions qui facilitent la participation effective et efficace des acteurs dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques sociales et économiques. A cela s’ajoutent, le respect des normes internationales du travail, notamment les droits fondamentaux telle la liberté syndicale et la négociation collective contenues dans les Conventions 87 et 98., et l’existence des organisations des travailleurs fortes, représentatives, indépendantes et démocratiques.
Au regard donc des nombreux défis à relever pour le Bénin en terme de dialogue social,le présent atelier représente selon elle, une opportunité pour faire une analyse objective des obstacles et enjeux afin de se positionner et faire des recommandations en vue de construire ou reconstruire un dialogue social fécond. Ces assises représente pour elle, l’espace de réflexion et de prise de position sur le dialogue social, son impact dans la poursuite du travail décent et sur l’opportunité de mettre en place une structure de dialogue social bipartite qui permette d’instaurer un rapport de forces positives pouvant réactiver le dialogue social tripartite. La réflexion intégrera souhaite-t-elle, la participation au dialogue dans le cadre du Système des Nations Unies (SNU) en lien avec la mise en oeuvre des ODD.
L’implication des ODD, permet, précise-t-elle, de rassembler les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les citoyens autour d’une vision commune. « Grâce à un dialogue ouvert et inclusif, on peut aborder les 17 ODD et leur mise en œuvre : le travail décent et croissance économique (ODD 8), la promotion de la Paix et la Justice favorisant des institutions fortes et inclusives (ODD 16), la réduction des Inégalités (ODD 10) et de trouver des solutions concertées pour les réduire.
Durant les trois jours, plusieurs communications seront donnés pour éclairer la lanterne des participants. Au terme de ces réflexions et discussions, un document de position de politique syndicale en matière de dialogue social sera élaboré et ce, avant les discussions formelles avec les organisations des employeurs.