« Transe-maître(s) ». La pièce de théâtre du dramaturge togolais Elemawusi Marc AGBEDJIDJI est la nouvelle matière de création de l’association Tout Gran Théâtr Djogbé. Dans ce travail de création retenu dans le cadre du projet « Togo Créatif » de la Délégation de l’Union européenne au Togo porté par l’Institut Français et le Goethe-Institut du Togo, Tout Gran Théâtr Djogbé a évolué en mode laboratoire de création entre plusieurs territoires.
Le projet soumis par Tout Gran Théâtr Djogbé et retenu au titre de « Togo Créatif » est une résidence interrégionale de recherche et de création au Togo autour de la pièce de théâtre « Transe-maître(s) ». Dans la mise en œuvre, il ne s’est pas agi d’une résidence dans les quatre murs d’un espace de création en terre togolaise. L’espace de création est resté mobile et très dynamique entre le Bénin et le Togo.
Il y a eu d’abord un « hors mur » dans l’arrondissement de Ouèdo, cité Yayi Boni, au Bénin pour la recherche plateau. Comédiens et comédiennes béninois et togolais retenus après un long casting ont vécu du 7 au 22 août 2023 dans la Cité Contemporaine de la Recherche et de la Création (CCRC) La B’az, une immersion innovante de recherche-création autour de cette pièce sous l’égide du metteur en scène Didier Sèdoha NASSEGANDE.
« En tant que metteur en scène, j’ai voulu offrir un plateau en perpétuel danger et déséquilibre pour créer un spectacle dont la vitalité se nourrit de l’urgence à guérir ou à se soustraire du déséquilibre interminable sur scène. L’atmosphère et le climat de travail ont été propices à la recherche et aux questionnements autant sur le texte que sur l’inventivité du plateau. En ce qui concerne le texte, les acteurs ont été convoqués à chaque fois à une adhésion par l’acte de creuser dans les différentes situations scéniques pour agir. », rapporte le metteur en scène.
Après La B’az au Bénin, les acteurs ont déposé leurs valises dans la capitale togolaise pour aborder la création avec le mixage de la grande moisson de propositions sorties de la Cité Contemporaine de la Recherche et de la Création (CCRC). Pour cette phase, ils ont pris quartier général au Magic Mirror à l’Institut Français de Lomé pour finaliser la création au bout d’une résidence de cinq jours. Le travail ici a constitué à mettre en musique tous les fruits des recherches pour donner autrement vie à cette pièce « Transe-maître(s) » qui part d’un élément témoin de l’histoire de l’école à savoir le « signal ».
Le « signal », cet assemblable d’os d’animaux, de coquilles d’escargot et autres objets de récupération agité comme épée de Damoclès sur tout apprenant qui va parler le vernaculaire à l’école. Il faut forcément et rigoureusement s’exprimer dans la langue du colon, le français. La moindre phase en langue locale expose l’élève à ce signal à porter comme une croix de honte jusqu’au moment où un autre camarade n’enfreigne à cette loi linguistique pour prendre à son tour le fardeau. Elemawusi AGBEDJIDJI aborde la colonisation et le pouvoir de la langue.