Le VIH pédiatrique en Afrique de l’Ouest et du centre était au cœur d’une mini-conférence organisée le 29 décembre 2022 par l’antenne béninoise du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN-Bénin). La mini-conférence a été animée par Docteur Gérès Ahognon, le directeur exécutif du réseau Enfants et VIH en Afrique (EVA) et Professeur Leïla Bagnan Tossa, Point focal du réseau au Bénin.
Informer les journalistes sur le VIH pédiatrique en Afrique afin de les inciter à éclairer la population sur la question, et engager les décideurs pour une meilleure prise en charge des enfants. C’est globalement l’objectif de cette mini-conférence au cours de laquelle les journalistes se sont imprégnés de la situation alarmante du VIH pédiatrique en Afrique de l’Ouest et du centre, alors que des progrès ont été réalisés ces dernières années dans la lutte.
Aujourd’hui, grâce aux programmes de Prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME), la contamination pédiatrique peut être largement maîtrisée. Correctement menée, la PTME donne 90% de chance à une mère séropositive d’accoucher d’un enfant séronégatif selon Dr Ahognon. Pour ce faire, il est alors nécessaire de diagnostiquer la femme et la mettre sous traitement relève Dr Ahognon qui regrette la tendance à la baisse amorcée ces dernières années par les stratégies de lutte contre le VIH en général. Qu’il s’agisse du domaine des ressources humaines ou des ressources financières, de l’adressage des politiques étatiques ou de la sensibilisation, cette baisse met en péril tous les efforts âprement réalisés déplore Dr Ahognon. Si la baisse est générale, elle frappe encore plus durement la tranche pédiatrique qui faisait déjà figure de parent pauvre dans la prise en charge du VIH sida.
Au Bénin, 10% des séropositifs sont des enfants
Point focal du réseau EVA au Bénin, Professeur Leïla Bagnan Tossa a, pour sa part, présenté le cas spécifique du Bénin où les enfants constituent près de 10% des personnes séropositives. En effet, sur les 69.000 personnes vivant avec le VIH recensées au Bénin en 2021, on comptait 6400 enfants dont 51% de sexe féminin, a fait savoir la spécialiste qui a regretté qu’on parle beaucoup du VIH chez l’adulte mais très peu chez l’enfant.
Pr Bagnan Tossa est aussi revenue sur l’objectif intermédiaire des 95-95-95 en 2025 sur lequel s’est aligné le Bénin. Il s’agit, à l’horizon 2025, de pouvoir dépister 95% des enfants séropositifs, que 95% de ceux-ci soient mis sous traitements antirétroviraux et que 95% des enfants sous traitement présentent une charge virale indétectable. A deux ans de l’échéance, dans la tranche pédiatrique on n’a que 42% des enfants dépistés et même si 96 % d’entre eux sont sous traitement, seulement 70% de ces derniers ont une charge virale supprimée. Ce qui suppose encore beaucoup de travail, selon Pr Bagnan Tossa. D’où, l’appel du directeur exécutif du réseau EVA à tous les acteurs à fournir les efforts nécessaires pour améliorer la situation.
Se réjouissant de l’intérêt suscité par la thématique, Claire Stéphane Sacramento, la Coordonnatrice du REMAPSEN-Bénin a estimé nécessaire que les acteurs des médias jouent et jouent bien leur partition en éveillant la conscience des décideurs afin d’améliorer la prise en charge du VIH pédiatrique dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du centre.