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Agrobusiness : le PDAB insuffle du sang neuf dans l’entreprenariat agricole au Bénin

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PDAB
Loveline SENOU, productrice de clarias

Bénéficiaires du Projet de développement de l’agrobusiness au Bénin (PDAB), des centaines de jeunes béninois se sont lancés dans l’entreprenariat agricole. Installés dans diverses localités du pays, ils y valorisent le potentiel agricole, contribuant au développement de l’économie locale et nationale, tout en créant des emplois.

Loveline SENOU, productrice de clarias

Installée à Ouidah, commune située à une quarantaine de kilomètres de Cotonou, la capitale économique du Bénin, Loveline SENOU est la promotrice de la ferme dénommée Femmes agricoles pour nourrir le monde (FAM). La trentaine, la jeune femme est titulaire d’une Licence en agronomie dans la spécialité pêche et aquaculture, obtenue en 2009 Après des expériences professionnelles acquises au cours de stages dans diverses entreprises dotées d’infrastructures piscicoles, elle se met à son compte. Sa ferme est spécialisée dans la production et la commercialisation de poisson et reçoit aussi des stagiaires pour des formations pratiques.

En 2018, Loveline SENOU a l’opportunité de faire partie des bénéficiaires du Projet de Développement de l’Agrobusiness au Bénin (PDAB). L’objectif de ce projet est de promouvoir l’emploi à travers la création d’entreprises agricoles viables pour les jeunes et les femmes. Le Projet est financé par le Gouvernement du Bénin, le Bureau Pays du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et Fonds Indien. Il est mis en œuvre par le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche sous la supervision du PNUD.

Spécifiquement, le PDAB vise à professionnaliser l’activité agricole et para-agricole basée sur le développement des chaînes de valeur porteuses retenues par le Gouvernement. Il cherche à travers un accompagnement performant des bénéficiaires, à la mise en place de systèmes de production et de transformation stables, durable et intégrés.

Comme l’ensemble des entrepreneurs retenus dans le cadre de la mise en œuvre du PDAB, Loveline SENOU a bénéficié de plusieurs formations techniques qui ont accrue son aptitude en matière de gestion entrepreneuriale. « Ces formations m’ont aidée à renforcer mes capacités en matière de gestion, de production. Je ne fais plus rien au hasard. Tout est planifié», reconnait-t-elle.

Aujourd’hui, sa structure produit une tonne du poisson Clarias par mois que s’arrachent ses clients répartis entre le Bénin, le Nigéria et le Togo. « La demande est si forte que je n’arrive pas à satisfaire tout le monde ».

En plus de la formation, le PDAB a accompagné les jeunes et les femmes entrepreneurs bénéficiaires à l’accès au financement. La patronne de FAM a réussi à avoir un crédit de 25 millions de FCFA auprès d’une institution de finance. Avec ce prêt remboursable sur deux ans, elle compte étendre ses activités à l’élevage de la volaille et la production d’œufs de table. Elle envisage aussi de renforcer ses activités piscicoles.

Euloge KLADJAHOU, éleveur de lapins

Basé à Bohicon, à environ 135 kilomètres au nord de Cotonou, Euloge KLADJAHOU est aussi bénéficiaire du PDAB. Spécialisé dans l’élevage et la vente de lapin, il a pu enregistrer son entreprise dénommée Sirac Premier et obtenir un prêt de 2 millions de FCFA remboursable sur deux ans avec 6 mois de différé. Ce financement a permis de donner un nouveau souffle à l’entreprise qui, après une année 2021 particulièrement difficile avec la perte de la totalité de son cheptel à cause de la maladie hémorragique virale du lapin. «Ce financement m’a permis d’élargir le cheptel, d’acheter tous les équipements, mais aussi de renforcer le fonds de roulement », explique, soulagé, le jeune entrepreneur qui dispose aujourd’hui de 550 lapins dont 80 femelles reproductrices.

Confiant en l’avenir, Euloge KLADJAHOU compte augmenter le nombre de têtes de lapins. Il s’est déjà lancé le défi d’arriver à 120 femelles reproductrices fin 2022, et à 200 à moyen terme, afin d’agrandir sa clientèle. En plus de Bohicon et Cotonou, celle-ci se retrouve à ce jour à Abomey, à Dassa-Zoumè, et dans le département du Couffo. « Parfois je n’arrive même pas à satisfaire la demande », fait remarquer l’entrepreneur dont la société réalise un chiffre d’affaires mensuel de 200.000 FCFA.

Ce passionné du milieu agricole dont la culture entrepreneuriale remonte à 2012, alors qu’il était encore sur les bancs du lycée agricole d’Akodéha dans le département du Mono, ne regrette pas d’avoir embrassé cette voie. « Si je devais attendre d’être recruté quelque part, je serai peut-être encore un chômeur. Cette expérience avec le lapin me permet aujourd’hui au moins de rouler avec mon propre moyen de déplacement ».

Anick MEDEDJI

Installée à Ifangni dans le département du Plateau dans le Sud-Est du Bénin, Anick MEDEDJI est la fondatrice de la ferme agro-piscicole Shri Pradmnaya-Pradumnaya. Elle s’est spécialisée dans la production d’alevins monosexes mâles de tilapia et de poisson-chat africain (Clarias gariepinus). Elle produit aussi du poisson (tilapia et clarias) pour la vente. La promotrice de la ferme Shri Pradmnaya-Pradumnaya mène aussi d’autres activités secondaires comme l’animation de formations par l’approche « fermier à fermier », la production d’aliment granulé locale, la transformation du poisson et des produits maraichers, la production et la transformation du maïs en farine, etc. «Tous les jours les gens viennent acheter le poisson au kilo. Le kilogramme de tilapia coûte 2000 FCFA et celui de Clarias 1500 FCFA», explique-t-elle. Du PDAB, elle explique avoir reçu beaucoup d’enseignements qui lui permettent aujourd’hui de mieux gérer sa structure sur tous les plans.

« On a reçu beaucoup d’enseignements. Aujourd’hui on peut donner nos idées, de sorte à défendre soi-même son plan d’affaires », exulte la promotrice. «Maintenant, j’ai un chronogramme des activités de la ferme » du mois, de la semaine », ajoute-t-elle, montrant des cahiers dans lesquels sont soigneusement consignées toutes les activités de son entreprise. En tant que responsable, elle ne cache pas son soulagement et sa satisfaction d’être aujourd’hui outillée en matière de gestion des conflits.

Augustin AGONMA, fabricant d’huile rouge

A Adja-Ouèrè, toujours sur le Plateau, Augustin AGONMA tire lui  aussi son épingle du jeu avec les activités agricoles. Installé depuis 2018 sur des terres en propriété, il s’illustre dans le maraichage, la culture du manioc, l’élevage de porcs, pintades, et la transformation des noix de palme en huile.  Au cours du premier semestre de l’année 2022, il confie avoir produit 40 tonnes de régimes de noix de palme, environ 322 litres d’huile rouge et 16 camionnettes communément appelés bâchées.

Herbert KOUTON, aviculteur

A la tête de l’entreprise Divine Agro Production à Hounsouko dans le 4e arrondissement de Porto-Novo, la capitale du Bénin, Herbert Sourou KOUTON a opté pour l’élevage de la volaille. Etudiant en  année de licence en agronomie, il s’est spécialisé dans l’élevage de poules pondeuses dont l’objectif est de commercialiser les œufs de table. Après une formation de recyclage d’un an au Centre Songhaï à Porto-Novo, il est retenu comme bénéficiaire du PDAB. Même s’il n’a pas encore bénéficié d’un financement, il dit mettre au profit de sa structure les acquis des formations. « Avec la gestion financière par exemple, j’ai appris comment ne pas confondre les fonds de l’entreprise avec mes propres fonds » explique-t-il.  Il réalise un chiffre d’affaires annuel de 8 millions de FCFA et espère décrocher le financement qui l’aidera à agrandir son entreprise.

Le PDAB en quelques chiffres

A ce jour, grâce au PDAB, 775 jeunes et femmes entrepreneurs ont été sélectionnés et formés sur la gestion d’une entreprise (gestion comptable, fiscale et financière). Le projet a accompagné 450 jeunes et femmes entrepreneurs, de la formalisation de leur entreprise au montage de leur plan d’affaires ; 32 entrepreneurs (dont 2 femmes) ont bénéficié de crédit mis en place par les structures de financement (4 entreprises pour les banques et 28 entreprises pour les institutions de microfinance) pour un montant global de 208 229 699 FCFA.

Flore NOBIME

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