Depuis 2021 e-MECeF, la version dématérialisée des machines électroniques certifiées de facturation (MECeF) révolutionne les pratiques de facturation au Bénin en offrant aux contribuables, la possibilité de générer des factures normalisées en ligne.
Togba, un arrondissement de la commune d’Abomey-Calavi, au nord de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Assis devant son ordinateur connecté à la plateforme e-MECeF, Yannick Tognissè, la trentaine, sourit de satisfaction. Il vient de finaliser une facture normalisée qu’il s’empresse d’envoyer à son client via l’application Whatsapp. « Ça ne m’a pris que cinq minutes », déclare-t-il.
Yannick est un utilisateur régulier de la plateforme e-MECeF, qu’il a adoptée depuis juin 2023. « Si je me réfère aux dernières statistiques que j’ai consultées sur la plateforme, en un an et demi, j’en suis à 450 factures », confie-t-il.
Opérationnelle depuis le 1er février 2021, e-MECeF est la version dématérialisée des machines électroniques certifiées de facturation (MECeF). Ces machines sont au cœur de la réforme des factures normalisées. Introduite par la loi de finances 2018, la réforme vise, entre autres objectifs, à élargir l’assiette fiscale et à lutter contre la fraude fiscale, selon Nicolas Yenoussi, le directeur général des impôts.
Une facture normalisée est une facture qui comporte, outre les mentions portées sur une facture classique, des éléments de sécurité de la DGI (le numéro d’identification de la machine (NIM), la signature électronique et le code QR).
Après avoir concerné quelques catégories d’entreprises, la réforme est étendue depuis le 1er juillet 2021, à toutes les personnes physiques ou morales exerçant leurs activités au Bénin, quel que soit le régime d’imposition auquel elles sont soumises.
Dans son application elle implique l’utilisation obligatoire des machines électroniques certifiées de facturation (MECeF) pour la délivrance des factures normalisées aux clients à l’occasion de toutes transactions, conformément aux dispositions du Code général des impôts.
Accessible à l’adresse https://e-mecef.impots.bj la version virtuelle des MECeF est devenue incontournable. Il suffit de disposer d’une bonne connexion, d’un appareil (téléphone, tablette, ordinateur) avec navigateur moderne et d’un compte activé. Contrairement aux machines physiques nécessitant un investissement initial et une maintenance régulière, la plateforme e-MECeF permet de générer des factures normalisées partout et à tout moment.
Judith Dossou, une entrepreneure de la trentaine résidant à Abomey-Calavi ne peut plus s’en passer. « Je n’ai pas besoin des machines physiques. Avec mon téléphone Android j’édite directement mes factures et je peux le faire à tout moment (…) La plupart du temps les choses se font en quelques minutes », séduite par la rapidité dans le traitement et l’envoi des factures.
Lucien Issan, conseil fiscal à Cotonou, met en avant la résolution des problèmes des factures manuelles grâce à e-MECeF. « Aujourd’hui, tu peux rester à Cotonou et résoudre un problème à Parakou. Avec e-MECeF, tu édites et envoies directement à la personne concernée, sans besoin de signature ou de cachet. Le code QR permet de vérifier en ligne si c’est la bonne facture » explique-t-il.
Outre l’édition des factures au format A4 en PDF, la plateforme e-MECeF, permet aussi de générer des états périodiques, définir des articles et leurs groupes de taxation ou encore récupérer en ligne le code MECeF/DGI des factures transmises.
Yannick Tognissè souligne : « Si la facture a un problème, vous pouvez procéder à son annulation ; vous pouvez consulter, de façon mensuelle, hebdomadaire ou annuelle les statistiques de l’évolution de vos activités sur la plateforme, et même le montant général de vos factures pendant la période définie ».
Bien que e-MECeF offre de nombreux avantages, certains utilisateurs éprouvent encore des difficultés techniques à générer des factures en ligne. Au point numérique communautaire de Ouidah, à une trentaine de kilomètres de Cotonou, Aristophane Houézé, le gérant des lieux, en rencontre au quotidien. « C’est difficile pour certaines personnes qui ne sont pas habituées. Il y a des cas d’erreurs, des cas des mauvaises manipulations, des difficultés à corriger des factures erronées, Quand les gens se retrouvent face à ce genre de problème, ils viennent ici pour qu’on les aide».
Les défis d’utilisation demeurent un obstacle pour certains, mais il est essentiel de ne pas laisser de côté ceux qui nécessitent encore du temps pour s’approprier pleinement cette plateforme afin qu’elle puisse jouer son rôle de solution numérique essentielle.
Flore NOBIME