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Bénin/Rentrée académique 2022-2023 : Les fournitures scolaires repoussent parents et vendeurs, économiste et sociologue expliquent

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La rentrée scolaire 2022-2023 prévue pour lundi 19 septembre 2022 au Bénin a été effective. A la veille, les parents d’élèves se faisaient encore rares sur les sites de vente des fournitures scolaires. Constat dimanche dernier sur quelques sites communément appelés « RAL », la Rentrée Aura Lieu.  

Dimanche 18 septembre 2022, à 24h de la rentrée scolaires 2022-2023, la mévente règne toujours sur les sites RAL. Les parents manquent d’argent pour l’achat des fournitures scolaires. Ce constat au niveau de plusieurs points de vente des fournitures scolaires s’explique selon Blandine Adjovi. « Le prix des cahiers a augmenté et c’est peut-être pourquoi il n’y a pas assez d’acheteur », affirme-t-elle.

« Comparativement à l’année dernière les parents d’élèves ne sont pas nombreux cette année. La majorité se plaint de l’augmentation des prix des articles. La cherté des articles fait que les parents ne viennent pas nombreux mais ils seront contraint de le faire car la rentrée est dans moins de 24h », renchérit Vanessa Dansi, vendeuse du stand RAL en face de complexe scolaire  CAMARA LAYE.

Pour Prospère Ablefonnou, ancien vendeur de fournitures scolaires à côté de l’école primaire publique Suru-Léré, c’est une rentrée scolaire exceptionnelle, cette année. « Au cours des années antérieures, à pareil moment, il y a déjà une affluence terrible. Il n’y a pas du tout d’affluence cette année. C’est peut-être à cause de la morosité », explique-t-il. Il ajoute que « la mévente de cette année s’explique par la cherté de la vie et la pauvreté ambiante dans le pays ». Il avance aussi que c’est surtout du fait qu’il y a une hausse considérable du prix des fournitures. « L’année passée par exemple, le cahier de 100 pages était à 1000f le paquet. Cette année, il est passé à 1300f. Hier seulement, c’est venu à 1400f mais déjà ce matin c’est venu à 1500f ajoute », t-il confié.

Mais face à l’obligation d’inscrire les enfants à l’école, les parents n’ont pas le choix. Chacun s’est préparé à sa manière pour que ses enfants puissent commencer les cours. Barthélémy Vodounmagnon, père de trois enfants confie : « Le temps est dur ; il n’y a pas l’argent dans le pays. Je suis à moitié prêt. Tout ce que je dois avoir pour que les enfants reprennent bien demain, je n’ai pas encore tout acheté. J’ai essayé de prendre quelques cahiers. Mais il reste beaucoup de choses à encore acheter pour eux ». Il se confie à Dieu pour y arriver. « L’homme n’a aucune force. Par la grâce du Seigneur d’ici quelques temps je le ferai », affirme-t-il. « On n’est jamais assez prêt. Mais on a déjà fait l’essentiel et demain les enfants iront à l’école comme prévu », dira Anicet Glokou, enseignant au secondaire, quant à lui.

Economiste sociologues expliquent

Brunelle Yémadjè, est économiste. Elle affirme.   « On taxe beaucoup plus les produits ». A l’en croire, la cherté des articles s’explique fondamentalement par la crise sanitaire à laquelle nous faisons face depuis déjà plus de 2 ans. Je parle bien évidemment de la COVID 19. A cause de cette crise sanitaire, précise-elle, au port maritime par exemple, les bateaux qui transportent les produits vers le Bénin ne sont plus nombreux. « Ils ne viennent plus. Du coup, la logistique et puis les taxes pèsent lourd, c’est-à-dire qu’on taxe beaucoup plus les produits. Ce qui explique la cherté des articles sur les marchés. Aussi, surtout à cause de la COVID  19 , il n’y a plus assez de productions. La production est donc limitée » fait elle savoir . Autre cause de la cherté des articles, selon l’économiste, c’est la guerre en Ukraine. « A cause de la guerre qui s’est accentuée là bas, les vivres se font de plus en plus rares ce qui explique la cherté de ces articles. »

Fait socioéconomique, la sociologue Mireille DAGNIHO explique quant à lui que : « Le corpus social est un ensemble où l’économie tient une place prépondérante et associé au fait que l’éducation est un pilier central en termes de reproduction sociale », Elle a fait constater que la rentrée scolaire est une période de l’année où beaucoup de dynamiques sont à observer. « On peut ainsi, à l’aune de la cherté, des inputs que constituent les fournitures scolaires pour la production des apprenants, se rendre compte de la résilience que développent les parents face aux responsabilités qui leur incombent. Ainsi on peut constater le recours à l’entraide au sein des reports d’achat, la pratique de l’achat échelonné, le prêt scolaire auprès des structures bancaires, l’achat à crédit. Quant aux élèves, il y a ceux dont l’âge ne permet pas de se rendre compte de la pression que vivent leurs parents et qui de ce fait n’attendent que la reprise des cours ». Par contre, plus on avance dans le cycle scolaire plus l’anxiété s’empare des apprenants qui vivent par procuration ce stress inhérent à la période préscolaire. L’économie est comme une superstructure sur laquelle se greffe tout le reste. Et pourtant, il faut étudier.

Par Salvina Yemadje (Stg), Josias Ahissou (Stg) et José Agbo (Stg)

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