Vendredi 27 Septembre 2024. Nous sommes à Ousssa, un village de l’arrondissement d’Agonkanmey, commune de Kpomassè dans l’Atlantique. Il est situé à environ 60 kilomètres de Cotonou. Dans la matinée de ce jour, il sonnait 11 h 05, quand le Bureau exécutif national de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-BÉNIN) composé des femmes, descend sur le site de maraîchage de son syndicat affilié, le Syndicat national des maraîchers du Bénin (SYNAMAB). Avec à sa tête son secrétaire général, Anselme Amoussou et ses deux adjoints, Sur la limite nord du site, une première plaque indicatif sur laquelle est inscrit : « Domaine de la CSA Bénin avec l’appui de l’Institut Belleville de la CFDT ». Un peu loin sur cet espace de demi hectare emblavé, des femmes y travaillent pour le désherbage de l’espace abritant la plantation de concombres.
D’un autre côté, une planche de Tchiayo bio (basilic) déjà consommable et une pépinière de pieds de tomates. On y découvre également des trois grands bassins de 3 mètres et demi de profondeur sur 4 mètres pour retenir l’eau, des groupes électrogènes et une motopompe installée qui s’est à redistribuer l’eau sur le site grâce aux bassins installés. Aussitôt le site intégré, deux membres du syndicat au travail se relèvent puis se dirigent vers la délégation de la CSA Bénin pour les civilités, sourire aux lèvres, en signe de joie. « Salut Camarades, bon travail et félicitations à vous. Nous sommes venus nous enquérir de l’évolution des travaux et vous apporter le soutien de la confédération à laquelle vous appartenez », confie le secrétaire général, Anselme Amoussou.
Résultats tangibles, un réseau de distribution disponible
L’initiative étant issue du projet dénommé : « Renforcement des capacités des travailleuses et travailleurs maraîchers affiliés au syndicat national des maraîchers du Bénin », son contexte de mise en œuvre a été rappelé par le secrétaire administratif de la CSA Bénin, Wilfrid Choupa. À l’en croire, l’objectif général du projet consiste à favoriser la production de produits sains et de qualité par les maraîchers, ainsi que l’accès à ces produits par la population. Il est donc attendu, poursuit-il, que « les maraîchers affiliés à la CSA Bénin produisent désormais en quantité des produits bio », notamment en utilisant des produits moins nocifs pour leur santé. Et mieux qu’ils voient leurs capacités renforcées en matière de conservation des produits et de gestion de leurs revenus. »
Très émerveillé de la vision de la CSA Bénin, le SYNAMAB a remercié la Confédération de son appui et par ricochet le partenaire CFDT à travers l’institut Belleville pour avoir favorisé cette initiative. Secrétaire général adjoint du SYNAMAB, Gérard Santos présente l’occupation faite de la moitié de la demie hectare, deux mois après : « Nous avons mis en place des produits bio tels que : le basilic (tchiayo), le cornichon, le concombre… Nous sommes également en train de préparer de l’espace pour la production de la carotte bio » relate Gérard Santos. En terme de bilan, la satisfaction est à son comble avec un réseau de distribution disponible en dehors des populations qui accourent vers le site. « Le Syndicat a pu établir un réseau de distribution. Ce qui leur permettra, après la production, de vite faire écouler. Ils ont des accords au niveau de certains restaurants et hôtels. Ce serait un plus dans l’accompagnement pour la distribution des produits », précise Wilfried Choupa.
D’autres activités envisagées
Carine Nouya est membre du Comité dirigeant du site. Elle annonce la mise en place bientôt d’un site de compostage qui sera utilisé et vendu dans la localité. Il est également envisagé un site d’élevage de poules et autres animaux. Dans le même temps, les formations ne seront pas du reste. Le projet, dans son volet formation, va régulièrement former les acteurs sur le respect des règles en matière de santé et de sécurité liées à l’exercice de leur métier et aux conséquences des produits nocifs qu’ils utilisent. Elle a pour finir, rassuré la CSA-Bénin et le partenaire de l’accompagnement du syndicat à porter à bout le projet. Sa doléance est de bénéficier du partenaire, d’un plus grand projet, le deuxième après Songhaï au Bénin.
« Vous avez vu l’engouement que le syndicat a mis dans la mise de ce projet. C’est un engouement qui se révèle à travers leur engagement à réussir. Regardez déjà comment ils ont mis rapidement en valeur ce site ». Ce sont les premiers mots du secrétaire général de la CSA Bénin, Anselme Amoussou, qui se dit sidéré avec son équipe. À l’en croire, il s’agit d’une pression supplémentaire. « Nous devons trouver des moyens d’acquérir de nouveaux domaines. Je pense que là, ça doit devenir un des gros défis de la CSA-Bénin et du SYNAMAB pour ce projet-là », projette-t-il déjà. Car pour lui, quand on entend déjà le syndicat parler d’un nouveau Songhaï, la détermination y est déjà pour vraiment faire grandir le projet.
La CSA Bénin, un syndicalisme de développement
Si le syndicat est resté pendant des décennies comme un outil de revendications et de lutte sans cesse, la CSA Bénin voit autrement depuis l’avènement de la première mandature d’Anselme Amoussou. Pour lui, l’avenir du mouvement syndical en Afrique compte avec l’économie informelle dont les travailleurs sont les plus nombreux. « Si on a besoin que le syndicat retrouve sa crédibilité, augmente sa capacité à mobiliser, il faut l’épuiser parmi les travailleurs qui sont les plus nombreux dans notre pays », fait noter Anselme Amoussou.
Face donc au contexte actuel de la vie du syndicalisme, il pense qu’il faut inventer de nouveaux services, de nouveaux bienfaits pour les travailleurs, de façon à ce que le syndicat apparaisse à leurs yeux comme suffisamment attractif pour qu’ils viennent spontanément. « Je crois qu’on est sorti de la période, de l’époque où on regarde le syndicat comme uniquement défendant les intérêts des travailleurs, parlant de revendications, interpellant, protestant. Et je crois que c’est ça que nous avons compris depuis quelques années au niveau de la CSA-Bénin », se réjouit-il.
La CSA Bénin appelle donc à aller vers les travailleurs avec un discours et un contenu qui leur permettent de comprendre qu’ils ont intérêt à aller vers le syndicat. Et mieux, qu’ils ont un intérêt autre que simplement les revendications formulées vers un employeur, vers un gouvernement, mais qu’individuellement et collectivement, ils ont intérêt à aller vers le syndicat pour des projets concrets de développement personnel et de groupe. « Ce projet est un bel exemple de cette vision que nous avons. C’est une nouvelle façon de faire parler du syndicalisme avec fierté. Je suis vraiment fier de ce qui a été réalisé ici en très peu de temps », applaudit Anselme Amousou. Le projet dure deux (02) ans et les premiers résultats peuvent faciliter son renouvellement sur des décennies, à la fierté de la CFDT/l’Institut Belleville.