Rosalie Koudadjé vit à Fanta dans la commune de Comè au Bénin. Mariée et mère de quatre enfants dont deux respectivement au CM2 et au CE2 à l’Ecole primaire publique (Epp) de Fanta, elle tire l’essentiel de ses revenus dans le maraîchage. Elle fait partie désormais du groupement de femme Alodoalomè né en lien avec le Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) du gouvernement béninois. A travers le projet d’appui en équipements aux écoles pilotes du modèle d’alimentation scolaire (PAEEM) grâce aux ressources complémentaires mobilisées par le Programme alimentaire mondial (PAM), son groupement bénéficie des outils de transformation du manioc en gari. Logé dans l’enceinte de l’Epp Fanta, Alodoalomè n’est qu’au début de ses activités mais Rosalie Koudadjé en tire déjà profit. Elle en parle toute joyeuse dans cette interview qu’elle nous a accordée dans l’après-midi du jeudi 30 mai 2024 sur le site du groupement.
Que faisiez-vous avant Alodoalomè ?
Je faisais du gari avec ma mère, et j’allais la représenter aux réunions de son groupement de femme lorsqu’elle n’est pas disponible pour y aller. Après son décès, j’ai continué mais j’ai choisi comme activité principale le maraîchage. Je cultive surtout le crincrin. Je fais un peu de gari juste pour pérenniser l’activité de ma mère. Quand PAM est venu pour nous donner du renfort, toutes celles qui faisaient un peu et même celles qui ont abandonné complètement ont trouvé l’occasion de reprendre, et cette fois-ci ensemble.
Pourquoi intégrer un groupe pour une activité qui n’est pas la principale source de vos revenus ?
Nous avons nos enfants à l’école ici. Le PAM s’occupe de leur repas à travers la cantine scolaire. Si nous ne conjuguons pas nos efforts à travers ce groupement, la cantine ne pourra pas évoluer alors qu’il est question de l’évolution de nos enfants. C’est pourquoi nous avons décidé de ne pas abandonner et de pouvoir à travers ce groupement trouver des moyens pour appuyer ce que fait le PAM. C’est avant tout pour le bien de nos enfants.
Au-delàs de cet intérêt commun, quel avantage votre appartenance à ce groupement de femme vous apporte déjà personnellement ?
J’en tire beaucoup d’avantages. Déjà, c’est le bonheur de ne plus se sentir seule. Je me sens désormais accompagnée. Je viens, je retrouve mes pairs ici et nous travaillons ensemble. Nous avons aussi de petites initiatives au sein du groupement pour s’entraider.
Parlez-nous en.
Nous avons instauré une cotisation mensuelle de 500 F CFA par membre. C’est dans le but de venir en aide à tout membre en temps de difficulté dans ses activités personnelles génératrices de revenus, par exemple en cas de manque de financement. C’est une opportunité selon moi. J’ai l’assurance qu’en cas de besoin de crédit, je pourrai me rapprocher de mes collègues pour avoir satisfaction. Cet aspect seul est très capital puisque nous en souffrons énormément. En manque de financement avant, il fallait faire des demandes sur demande en vain. Mais désormais, cela nous sera plus facile. Ce fonds, c’est aussi pour avoir de l’argent pour payer du manioc ou pour en cultiver nous-mêmes.
Est-ce déjà réel ?
Nous sommes au début. Nous avons décidé de collecter les cotisations jusqu’à la fin de ce moi -mai 2024, ndlr- avant de commencer par octroyer les prêts.
Avez-vous un appel à l’endroit de vos collègues ?
Avant mes collègues, je remercie d’abord le PAM puisqu’au-delà de la gestion du repas de nos enfants, c’est lui qui œuvre à ce que nous aussi mères, nous puissions avoir des activités pour trouver des revenus pour nous et pour nos enfants aussi. Je suis très contente. Je remercie aussi mes collègues qui ont accepté qu’on travaille ensemble.
Propos recueillis en langue fon et traduits par Blaise Ahouansè