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Manifestation syndicale sur la cherté de vie : La CSA-Bénin expose d’alarmants chiffres et faits contre le gouvernement

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La plus grande salle de la Bourse du Travail de Cotonou a manqué de sièges et d’espace ce vendredi 26 Août 2022 pour contenir les travailleurs venus nombreux assistés à la conférence publique de la CSA-Bénin sur l’état de la  cherté de la vie. Et pour cause, ils étaient venus de tous les départements du pays pour exprimer leur rare-le-bol face à ce qu’ils appellent une injustice sociale. La manifestation a été également soutenue par la CGTB, la COSI-BENIN et autres curieux.

Dans sa déclaration officielle, le secrétaire général de la CSA-Bénin, Anselme AMOUSSOU a salué la forte mobilisation spontanée malgré la distance qui sépare de Cotonou. Et comme pour mieux exprimer les besoins, la CSA-Bénin a laissé les travailleurs se prononcer sur la situation qu’ils vivent dans les marchés et lieux d’achat.

Prenant la parole à la suite des différentes interventions écœurantes, le leader Anselme AMOUSSOU prend à son tour la parole pour situer le contexte de la manifestation.  « Nous sommes venus protester contre le choix hasardeux que le gouvernement  a fait de ne pas respecter ses propres engagements. Nous sommes venus attirer son attention et celle de l’opinion publique sur les risques d’essoufflement de la cohésion sociale » a laissé entendre le premier responsable de la CSA Bénin.

Il déplore le fait que le débat sur la responsabilité des gouvernants dans les causes de la cherté de la vie et du mal-être individuel des béninois est devenu un débat futile face aux affres de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat. « Je voudrais vous inviter à concéder au gouvernement que les réformes, le nouveau code des impôts, les taxes douanières, la suspension des mesures de subvention de certains produits n’ont eu aucun impact sur la dégradation de la qualité de vie des populations béninoises » regrette-t-il.  

Les statistiques amères

Pour bien s’expliquer, la CSA-Bénin a effectué un travail sur  les propres chiffres des organismes publics de collecte de statistiques au Bénin. Il en ressort selon le secrétaire général de la CSA Bénin que  l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation du mois de juillet 2022 (IHPC) présenté par l’INStaD a enregistré une hausse de l’inflation de près de deux points en un mois entre juin et juillet 2022. Plus édifiants, sont les propres commentaires de l’INSTaD  que Anselme AMOUSSOU n’a pas occulté de citer in extenso. Il s’agit de :  

Ø La hausse mensuelle de l’indice est imputable essentiellement à l’augmentation des prix des biens de la fonction « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (+1,6%).

Ø Les principaux groupes de produits dont les prix ont contribué à cette augmentation sont : « Huiles » (+17,3%), lié à la hausse des prix de l’huile de palme de production artisanale en raison de la rareté des noix de palme.

Ø « Poissons et autres produits séchés ou fumés » (+6,3%), à cause de la saison des pluies qui n’est pas favorable à la pêche ;

Ø Tubercules et plantain » (+4,7%), en raison de la rareté de l’igname et de la pomme de terre ;

Ø « Sel et épices » (+4,2%), lié à la baisse de l’offre du piment frais à cause de la saisonnalité

Toujours dans cette publication sur le site de l’INStaD que la CSA Bénin a relevé,  figure  le tableau de synthèse de l’évolution du prix des produits alimentaires groupés en trois mois (période mai-juillet 2022) : les huiles : 44,4%,  les sels et condiments 5%, les articles d’habillement, les chaussures 2%,  l’électricité gaz et les combustibles 5%.  Des chiffres officiels qui selon Anselme AMOUSSOU, confirment la dégradation du pouvoir d’achat des populations du Bénin.

Produire la richesse sans en bénéficier

Pour être complet, Anselme AMOUSSOU a rappelé  les performances économiques du Bénin qui rendent si fier le gouvernement depuis 2016 au point qu’en évoquant celles de 2021, le ministre de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni, a salué un « niveau de croissance parmi les plus élevés d’Afrique ». « Là aussi les chiffres  sur le taux de croissance du PIB  donnent amplement raison à l’autorité ministérielle » fait savoir le conférencier Anselme AMOUSSOU.

« De 3,3% en 2016, le taux de croissance est passé à 5,7% en 2017, 6,7% en 2018; 6,9% en 2019 et 7,2 % en 2021. La seule baisse sur la période est intervenue en 2020 où le taux était de 3,8%. Soit une croissance cumulée de 33,6% en 6 années du pouvoir de la rupture. Autrement dit, les Béninois, des plus insignifiants aux plus en vue ont produit de la richesse. Les Béninois sont en train de devenir progressivement des citoyens modèles en matière de paiement des taxes et impôts car sur la même période, les recettes internes collectées sont passées de 745,7 milliards en 2026 à 944,4 milliards en 2017, 1028,6 milliards en 2018, 1088,0 milliards en 2019 » fait-il remarquer.  

Des inquiétudes posées

Une situation face à laquelle  la CSA Bénin a posé six (06) questions légitimes au gouvernement à savoir : le partage des fruits de l’effort commun ne concerne-t-il que les membres de l’appareil d’État ? Pour quelles raisons les mesures économiques et sociales annoncées en mars dernier pour une durée limitée de trois mois n’ont-elles pas été reconduites?, Où se trouvent les dispositifs et les agents soi-disant déployés par le Ministère du Commerce pour exercer le contrôle des prix sur les marchés?, Au nom de quelle logique de marché, le prix du ciment doit-il être différencié selon les départements?, Qu’est-ce qui bloque à la date de ce jour, la prise et la publication du décret qui consacre l’augmentation du SMIG?, La situation de vie chère n’appelle-t-elle pas de la part du gouvernement cet effort minimum pour accéder à la doléance des organisations syndicales en faveur des AME?

Pour finir, Anselme AMOUSSOU estime que la cherté de la vie est loin d’être une fatalité et le gouvernement a l’obligation de veiller effectivement au bien-être individuel et collectif des travailleurs qui sont sur le même marché sur les membres du gouvernement et autres autorités.  Cela passe selon lui, par le respect des engagements, les efforts pour l’apaisement social sans lequel aucun développement n’est envisageable. « La quête du dialogue social inclusif n’est pas une faiblesse! Le mépris vis-à-vis des représentants des travailleurs n’est pas une qualité! » précise-t-il au gouvernement.

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