Au terme d’un atelier de formation de deux semaines sur la valorisation du pagne tissé à travers l’habillement et la danse « BATA », des artisans et des artistes ont offert une soirée de restitution le vendredi 1er juillet 2022 au Palais des congrès de Cotonou. Des démonstrations sur les différents métiers autour du pagne tissé d’une part, et un spectacle de danse « BATA » d’autre part, ont montré combien la synergie entre ces deux éléments du patrimoine culturel est importante pour révéler la destination Bénin. C’est avec le soutien du Fonds des arts et de la culture (FAC) et du Fonds du développement de l’artisanat (FDA).
En divers ateliers (filage, fabrication de tambours, couture, broderie du pagne tissé) déplacés vers l’esplanade arrière du Palais des congrès de Cotonou ce vendredi 1er juillet 2022, des artisans sont en démonstration. Plus tard sous une tente climatisée, se déroulera un spectacle de danse « BATA » avec des acteurs aux costumes particuliers, fruits des ateliers de dehors. Les danseurs habillés en pantalon bouffant appelé « Kem’be » et d’une chemise sans manche qui repose au bas de la cuisse du porteur appelé « da’ntchiki » ; le danseur coiffé d’une ‘’chéchia’’ qui repose sur ses deux oreilles appelé « Abeti adja » ; les danseuses vêtues du pagne « kanvo » noué à la hanche sous une camisole « Bomba » et coiffées de « Guélé » puis les percussionnistes très beaux dans leur « Kem’bé » et « Agbada ».
Ensemble, artisans et artistes rendent compte des techniques de fabrication des tambours de la danse « BATA », des techniques de confection des vêtements en pagne tissé, des techniques de la danse « BATA », des espèces d’arbre qui servent à la fabrication des tambours « BATA » sous forme de cône tronqué, des types de costumes des différents acteurs (danseurs, percussionnistes, chanteurs) d’un groupe « BATA » et d’autres techniques qu’ils ont appris au cours d’un atelier de deux semaines. C’est le projet de formation sur la valorisation du pagne tissé à travers l’habillement et la danse « BATA » dont la restitution a eu lieu ce vendredi 1er juillet 2022 au Palais des congrès de Cotonou.
« Le projet de valorisation de pagne tissé est conçu pour mettre en exergue les différents métiers traditionnels de filature du coton, de tissage, de couture et de broderie », a confié le porte-parole du comité d’organisation, Patrice Hodonou Ahossou. « Ce projet permet également de renforcer la collaboration et les échanges de connaissances pratiques entre les producteurs du coton, les tisserands, les artisans, les artistes, les apprenants et les porteurs d’initiatives de sauvegarde du rythme et de la danse « BATA » et du pagne tissé », a-t-il ajouté.
La valorisation autrement du pagne tissé via le BATA pour le tourisme
Il est question de la valorisation du patrimoine culturel immatériel et de la revitalisation des techniques et des savoirs traditionnels liés au pagne tissé et aux savoir-faire en danse « BATA ». Le président du Conseil d’administration du Conseil national des organisation d’artistes (CNOA) du Bénin, Stanislas Degbo s’en réjouit et félicite les initiateurs. Pour lui, face à la perte totale ou partielle de plusieurs danses, le rôle des acteurs culturels est de pouvoir, à travers les recherches, détecter ces danses, les sauvegarder et les révéler au plan national et international.
« Ces valeurs en perdition doivent être regénérées ; ces artistes doivent réveiller ce qui est perdu », renchérit l’ex directeur du développement du tourisme, Bertrand Adjovi, tout heureux aussi de ce projet qui associe d’eux éléments importants au final, pour le tourisme. Il avoue que cette combinaison est originale pour la valorisation du pagne tissé et de la danse « BATA » qui vont nourrir le tourisme béninois. D’après ses témoignages, ces costumes de scène en pagne tissé permettent d’avoir le « BATA » authentique. « Sans ces tenues, le BATA n’a pas de sens », affirme-t-il. Le BATA est un patrimoine des cultures nago et yoruba.
« Le pagne tissé pour valoriser un autre élément du patrimoine immatériel en voie de disparition », témoigne le Directeur de l’ensemble artistique national du Bénin Marcel Zounon, représentant le ministre du tourisme, de la culture et des arts. Il soutient que les artistes pourront puiser dans la danse BATA, le rythme, les chants, les panégyriques et tout ce qui s’en suit pour des créations. Lesquelles créations serviront de canaux pour la valorisation du pagne tissé. Il avoue que les directeurs généraux du FAC et du FDA ont trouvé juste de financer ce projet. Marcel Zounon rapporte que le tambour BATA en voie de disparition au Bénin est encore bien présent dans les éléments de percussion en Amérique latine et dans les caraïbes. Il s’y était retrouvé du fait de l’esclavage.
A en croire le directeur général du FAC, Gilbert Déou Malé, c’est conscient de ce qu’il s’agit d’un projet innovant révélateur de beaucoup de valeurs. Il en donne pour exemple, la technique originale béninoise non seulement de transformation du coton en fil mais surtout de teinte « AHO » qui permet d’avoir des pagnes tissés en couleurs voulues alors que la matière de base est blanche. « La preuve, c’est que les gens viennent chercher ce que nous avons pour fabriquer à leur manière et reviennent nous revendre. La meilleure formule est donc de nous contenter de ce que nous avons et consommer local parce que ce que nous recevons de l’extérieur n’est pas toujours meilleurs », exhorte le DG/FAC. Le directeur du FDA, Clétus Guézo rappelle que le pagne tissé béninois est labellisé et certifié pour être sur le marché international. L’associer au BATA, est une véritable piste pour vendre la destination Bénin.