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Dépression et suicide après examen : Les conseils de Benoît AZANDODINDO pour gérer l’échec des apprenants

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Il arrive souvent que des apprenants après leur échec à un examen se suicide ou connaissent la dépression. C’est le triste cas d’une élève dans la commune d’Allada qui se serait suicidé après son échec au BEPC 2024. A travers cette interview, Benoît AZANDODINDO, enseignant de Français dans les collèges privés et publics de Cotonou et Abomey-Calavi donne quelques conseils aux candidats malheureux ainsi qu’aux parents pour une  bonne gestion de l’échec des apprenants aux différents examens.

LE CHASSEUR INFOS : Qu’est-ce que l’échec scolaire ?

Benoît AZANDODINDO : L’échec scolaire est une contre performance ou une carence d’effort intellectuel qui mentionne à l’enfant ou à l’apprenant qu’il doit reprendre la classe qu’il venait d’effectuer l’année suivante.

Qu’est-ce qui peut être à l’origine ?

Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de l’échec scolaire. Nous avons entre autre les facteurs individuels, les facteurs économiques, les facteurs familiaux, les troubles des apprentissages. Quand nous prenons le dernier facteur, le trouble des apprentissages, nous pouvons citer la dyslexie, la dysplasie. La dyslexie, c’est l’ensemble des difficultés de l’enfant pendant l’apprentissage de la lecture ou encore des expressions. Cette difficulté n’est pas directement imputable à une déficience intellectuelle, sensorielle ou psychiatrique. Cela peut résulter d’un traumatisme au cours du développement de l’enfant qui influencerait la zone du contrôle de la lecture ou d’appropriation des mots. Et de fait, l’enfant, pendant l’apprentissage à l’école, a de grandes difficultés à lire et à se retrouver. L’enfant qui n’arrive pas à lire et à comprendre ce qu’on lui apprend, ce n’est pas évident qu’il s’épanouisse à l’école. Quand nous prenons les facteurs familiaux, ces parents qui ne savent pas comment s’y prendre pendant qu’ils vivent avec leur enfant. Les enfants doivent se sentir en sécurité pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Quand le cadre matériel dans lequel les enfants vivent n’est pas adéquat, ce n’est pas évident que l’enfant donne le meilleur de lui-même. Quand les parents mettent en danger sa sécurité, vous voyez des foyers qui se transforment en un ring, c’est des insultes au quotidien, des coups de poing, c’est carrément joute oratoire. L’enfant est donc spectateur, il observe, il voit tout ce qui se passe. Il a même envie de prendre position parfois parce qu’il aimerait tel ou tel autre parent. Donc cela influence son comportement, ses attitudes tous les jours. Nous avons fait beaucoup de formation dans les écoles où des enfants se sont confiés qu’ils n’aiment pas tel comportement de leur père vis à vis de leur mère,  qu’ils n’aiment pas la manière dont leur père s’adresse à leur mère. Il suffit de cela pour que l’enfant refuse de se donner, de travailler. C’est vrai qu’il met sa vie en danger parce que s’il va à l’école, il réussit pour lui-même. Seulement, il est influencé par ce qu’il vit au quotidien. Quant aux facteurs économiques, nous voyons des enfants renvoyer dans les établissements privés ou publics pour insuffisance de contribution ou scolarité. Il y a des enfants qui mangent très rarement ou difficilement arrive à se nourrir. Quand le ventre est creux, il serait difficile de mettre en branle ses facultés intellectuelles et donc il ne pourra pas se donner comme cela se doit.

Certains apprenants ou candidats après l’échec se suicident ou connaissent la dépression. Pourquoi ?

L’homme est un être de concurrence. C’est un être qui se compare par rapport aux autres de son évolution, de son développement, de ses réalisations, de ses exploits. Il veut chaque fois montrer que lui même vit et qu’il est capable de beaucoup de choses. L’enfant qui échoue se dit, ‘’donc je viens d’être lâcher non seulement par les amis qui ont réussi mais également par les frères qui sont peut être à la maison. De ce fait, il pense déjà aux conséquences qu’il va recevoir des frères, de ses amis à l’école et peut-être de ses parents car il y a beaucoup de parents après que leur enfant ait échoué n’hésitent pas à faire la pression, à les insulter, à leur refuser des fois la nourriture. D’autres enfants sont rejetés et n’ont plus la considération qu’ils avaient auprès de leurs parents à cause de leur échec. Cela blesse suffisamment les enfants. Ce qui amènent beaucoup d’apprenants à connaître la dépression ou à  se suicider.

Comment les parents et ces apprenants malheureux peuvent ils gérer l’échec ?

Il faut d’abord que les parents comprennent que l’échec est une étape pour connaître la gloire. Pour paraphraser les Saintes Écritures que l’artiste Don Métok a repris dans l’une de ses chansons, il n’y a pas de gloire sans croix. Je peux dire que l’échec est naturel. Des gens ont échoué, ils ont repris et ça a marché. Il faut qu’ils comprennent que l’échec est une étape importante pour connaître la réussite. Face à l’échec, il revient aux parents d’abord de donner le bon exemple à savoir la maîtrise de soi, de la maîtrise des émotions, des sentiments. C’est excessivement malheureux que les parents commencent par pleurer, tomber et se jeter au sol devant l’enfant et à crier partout leur malheur. Des fois, ils changent d’émotion à se  recroqueviller  eux-mêmes, à ne plus parler, à se refuser certaines joies. C’est grave. Ça veut dire qu’ils demandent à l’enfant de faire de n’importe quoi. C’est malheureux et excessivement dangereux. Si le parent est dans cet état, vous voulez que l’enfant fasse quoi ? Vous voulez qu’il soit comment ? Il leur revient de faire assoir leur enfant, de faire le point du parcours de leur enfant, de relever les points forts et les points faibles et l’encourager à reprendre et à repartir de plus belle puisque la vie est faite d’échec et de réussite. Donc tout ce qu’on entreprend peut connaître l’échec. Le Directeur général  d’une entreprise peut connaître l’échec après avoir enclenché un processus. Le professeur à l’école peut connaître l’échec dans l’enseignement d’une notion. Donc il y a échec dans tout ce que nous entreprenons au quotidien. Il revient aux parents de l’expliquer aux enfants. Maintenant s’ils ne sont pas outillés, ils feront mieux de consulter un psychologue. Après les résultats de fin d’année, les parents doivent être concentrés plus pour les enfants, ils doivent les encadrer, ils doivent leur refuser de sortir seul, qu’ils restent à la maison.

Que doit faire l’enfant ?

L’échec existe pour tout le monde, ce n’est pas seulement en milieu scolaire. Il revient aux enfants de comprendre et il faut leur expliquer que l’échec est normal. Quand ça vient, il faut l’accepter et savoir reprendre de plus belle. C’est très important. Il faut identifier ses points faibles et forts et chercher maintenant à pallier les points faibles par des engagements personnels. Il faut que l’enfant se décide à changer, à trouver de solution à ses problèmes naturellement avec l’aide des parents. Je suppose que l’enfant ne travaille pas bien en anglais, il lui revient de chercher des solutions et demander aux parents de l’aider à trouver des moyens pour payer au moins un livre d’exercice. Il peut dire je vais prendre le document de mes camarades qui sont admis s’il n’avait pas les moyens. Il peut à l’aide du téléphone de son papa chercher des informations sur le net sur des notions qu’il ne comprenait pas. Il peut identifier ceux qui travaillent dans une matière qu’il n’arrive pas à assimiler tels que les aînés dans le quartier au fil du temps pour se corriger.

Propos recueillis par Dieudonné MEGBLETO

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