Les initiatives de pérennisation du Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) dans les écoles au Bénin ont, au-delà de l’aspect économique, un volet pédagogique. Dans plusieurs écoles, des écoliers et écolières découvrent les coulisses de certaines activités professionnelles.
A l’école primaire publique (EPP) Ouignan-Gbadodo dans la commune d’Adja-ouèrè, les élèves se familiarisent peu à peu à la pisciculture. « Il y a des enfants qui savent déjà comment on élève le poisson puisqu’on a pris deux élèves par classe. », informe Alphonse Idoléké, instituteur à la retraite, auteur de l’initiative de la pisciculture à l’Epp Ouignan-Gbadodo quand il y était le directeur, 2021-2023. « La vidange par exemple, c’est avec les élèves. Le tri, aussi. La pêche aussi. Le nourrissage, c’est un maître et il doit aller avec les élèves », renseigne-t-il. Dans d’autres écoles, des enfants côtoient l’élevage du lapin, le jardinage, la vannerie, etc. Pour l’instituteur retraité Alphonse Idoléké, actuel président de la Coopérative intercommunale Pobè-Adja-Ouèrè-Kétou (CIPAK), ce volet des activités génératrices de revenus autour du PNASI est bénéfique pour l’éducation des enfants. Cela participe de leur formation professionnelle.
Alphonse Idoléké soutient qu’un élève pourra en jouir à l’avenir comme activité secondaire ou pourquoi pas la principale s’il optait dans la suite de ses études pour l’entrepreneuriat dans l’un de ces domaines. « Il peut même, tout en étant élève, étudiant ou agent permanant de l’Etat gagner autrement sa vie par ici. Avec 5 minutes, même en veste, il a déjà nourri les poissons le matin et partir au service. Le soir à 18 heures, il reprend la même chose. Le samedi ou le dimanche, quand l’eau est salle, vous faites la vidange. C’est un petit sport. Après quatre mois, vous récoltez de gros poissons. Si vous avez une tonne, c’est que vous avez ainsi 1.500.000 F CFA après quatre mois mais sans oublier que vous dépensez 800 kilogrammes d’aliment à 1000 F l’unité. Donc en quatre mois, vous empochez ainsi 600.000 F Cfa de bénéfice un petit matin avant d’aller au service avec sourire aux lèvres. Et le marché existe. L’élevage le plus facile, c’est l’élevage du poisson. », expose-t-il.
Pour Montan Bokossa, l’instituteur responsable du jardin et de la pisciculture à l’Epp Fanvi dans la commune d’Adjohoun, quelle que soit l’activité, c’est une question de planification. Les écoliers apprennent ici à mieux s’organiser. Pour preuve, l’enseignant-fermier défend que ces activités n’ont aucun impact négatif sur les classes. « Cela ne perturbe pas du tout nos activités de classe. La classe, c’est pour ça nous sommes là. Ceci – les activités autour de la cantine scolaire, ndlr- est secondaire. C’est planifié. Au fait, il ne s’agit pas d’y aller passer un long temps. C’est la régularité qui compte. Il suffit que les enseignants aient un peu de sens de sacrifice, 15 à 20 minutes, ce n’est pas tuant. Quand c’est organisé, on ne perd pas le temps.», explique l’enseignant qui a aussi sa ferme privée. Pour lui, c’est comme la couture dans le programme scolaire à la différence que ces activités ne sont pas inscrites dans l’emploi du temps officiel.