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« Wop d’Afrique » sur MASA 2022: Ces 5 coépouses qui bâtissent la bibliothèque des polyphonies africaines

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Le groupe de chanteuses africaines réunies autour du projet « Wop d’Afrique » de « Afrik’Consult » a donné son deuxième concert sur le Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA), jeudi 10 mars 2022 dans la salle François Lougah du Palais de la culture à Treichville. Du fond du trésor musical africain, résonnent leurs voix. 

Geneviève Matibeye, Tchad

Toms, cymbales, charleston, caisse claire, grosse caisse, tumba, cordes vibrantes métalliques et claviers sont au silence. Pourtant ça joue toujours de la musique. De la bonne musique en plus ! Des scènes au MASA 2022 ici en Côte d’Ivoire depuis le 5 mars dernier, celle qu’a vécu le public ce soir du jeudi 10 mars dans la salle François Lougah du Palais de la culture à Treichville est particulière.

Koudy Fagbemi , Bénin

La soirée de musique entamée plusieurs heures plutôt, marquée par une succession sans répit d’artistes et groupes d’artistes de différents pays, prend ici une autre couleur. A 22h, on se positionne entre le Sénégal, le Congo, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Tchad. Tous les instruments de musique sont au silence sauf le premier de tous les temps. Priorité est donnée à la voix. Seuls quelques coups de mains qui sonnent grave sur une petite calebasse « made in Bénin » garnie de cauris s’y déposent pour marquer par moment le beat.

Tyrane Mondeny, Côte d’Ivoire

Cinq dames africaines libèrent leurs cordes vocales et emportent pour une balade dans les airs africains a capella. Moonaya du Sénégal, Fanie Fayar du Congo, Koudy Fagbémi du Bénin, Tyrane Mondeny de la Côte d’Ivoire et Geneviève Matibeye du Tchad prennent le contrôle de la scène sous la direction artistique du congolais Fredy Massamba. Elles sont parties prenantes depuis deux ans, du projet « Wop d’Afrique » du label “Afrik’Consult”. Elles explorent le chant africain dans sa diversité pour l’exposer sur l’échiquier mondial.

Fanie Fayar , Congo,

Le projet Wop d’Afrique « a pour but de valoriser et développer les différentes techniques de chant et de voix mais aussi de renforcer la dynamique de recherche autour des techniques de polyphonie, de récolte des chants traditionnels et populaires du patrimoine musical africain ». Ce soir, c’est leur deuxième restitution sur le MASA après celle de 2020 sur ce même marché qui a vu naître le projet. D’un morceau à un autre, ces dames de la musique se partagent le lead. C’est Koudy du Bénin qui le prend en premier. S’ensuivent, ses collègues de la Côte d’Ivoire et du Tchad dans 5 morceaux puis enfin la seule voix masculine parmi elles, pour clôturer.

Moonaya, Sénégal

Fredy, le diapason

Sans aucun instrument qui leur donne le ut, ces artistes se retrouvent pourtant avec aisance à entamer ensemble chaque chanson et évoluer dans de très belles progressions d’accords. Fredy Massamba est bien là comme leur diapason. La scénographie leur permet de se retrouver rapidement en cercle autour du seul coq de leur cour, à la fin de chaque morceau, afin d’accorder leurs cordes vocales pour le prochain. A chaque fois, cela leur passe bien. Le résultat donne des chants à chœur polyphonique exécutés en légato comme l’oiseau volant sans aucune menace dans le ciel. Au besoin, leurs voix se croisent pour sonner aussi percussions africaines en plus de la calebasse. Du coup, ces femmes ne se privent pas de pas de danse africaine. 

Fredy Massamba, Directeur artistique de wop d’Afrique

Le répertoire est multi-style avec des couleurs en lien avec les percussions d’Afrique. « On est dans une forme de folie où on se dit, tout ce qui arrive on le prend. Tyrane de la Côte d’Ivoire fait du Afro-soul. Koudy, la béninoise, mélange tradition et world. Ainsi de suite. C’est ça la richesse. Il ne faut pas qu’on commence déjà par caractériser pour dire ce projet est soul ou gospel. Toute partition traditionnelle de chez nous est bienvenue », nous confie le directeur artistique à la fin du spectacle. « Pour l’instant, c’est un travail de recherche, de construction », affirme Fredy Massamba. Au-fil du temps, il ne sera plus sur scène avec elles. « A l’avenir, je ne serai pas sur scène ; je serai dans l’ombre. J’aimerai avoir une fille qui fera le travail que je fais avec elles actuellement », annonce-t-il. « Ça va arriver, c’est ce que je fais », rassure le musicien congolais passionné des polyphonies africaines.

Rappelons que « les Wop d’Afrique sont une rencontre artistique qui promeut le dialogue interculturel, la création et la production artistique des femmes en Afrique et dans le monde en vue d’accroître leurs opportunités de développement et la diffusion de leurs œuvres hors de leur environnement de création ».

Blaise Ahouansè

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