La célébration en différé au Bénin de la 9ème édition de la Journée africaine de l’alimentation scolaire (JAAS) restera historique. A l’Ecole primaire publique Anagbo Ahowégodo dans la commune d’Abomey-Calavi qui a abrité les manifestations officielles le jeudi 21 mars 2024 en présence du ministre des enseignements maternel et primaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) a inauguré une unité de transformation de manioc et un moulin à grains. C’est un fruit des ressources complémentaires que mobilise le PAM pour soutenir le gouvernement dans le cadre du Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) dont il assure la mise en œuvre depuis 2017.
Le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial (PAM) au Bénin, Ali Ouattara, a remis officiellement au Ministre des enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou, les clés d’une unité de transformation de manioc et d’un moulin à grains le jeudi 21 mars 2024 à Anagbo Ahowégodo dans l’arrondissement de Kpanroun, commune d’Abomey-Calavi. L’unité de transformation est composée d’un local de trois machines et d’un autre servant de séchoir. C’est l’acte majeur de la célébration de la 9ème édition de la Journée africaine de l’alimentation scolaire (JAAS) à l’Ecole primaire publique Anagbo Ahowégodo choisie pour abriter les manifestations officielles. La célébration de la JAAS dans cette école laisse « une trace ineffaçable », clame le directeur de ladite école, Valentin Okpe.
Ce geste du PAM est au profit du groupement de femmes Ayidoté dans le cadre de son projet d’appui en équipements aux écoles pilotes du modèle d’alimentation scolaire (PAEEM). C’est en appui au PNASI, notamment face aux défis de durabilité, d’efficacité et de développement du modèle d’alimentation scolaire au Bénin.
Mobilisation de ressources additionnelles au PNASI, plus qu’un devoir au PAM
Le PAM mobilise des financements complémentaires auprès d’autres bailleurs pour apporter un appui aux écoles pilotes du modèle d’alimentation scolaire au Bénin, modèle qui constitue une partie intégrante du processus initialement planifié de transfert du programme au gouvernement, informe le représentant résident du PAM au Bénin. « Ces financements permettent d’accompagner des groupements de femmes qui mènent des activités génératrices de revenus comme la transformation agroalimentaire, permettant d’améliorer le repas scolaire des enfants et leur autonomisation – de ces femmes, ndlr- et leur inclusion financière », confie Ali Ouattara. Ainsi, plus de 200.000 dollars, soit environ 120.000000 F CFA ont-il permis d’offrir des moulins à grains et abris dans 30 écoles pilotes du modèle d’alimentation scolaire, des équipements de transformation de manioc de même que la formation de 280 membres de 14 groupements féminins pour le développement d’activités génératrices de revenus et la formation de 30 jeunes meuniers, etc.
L’Epp Anagbo Ahowégodo est l’une des écoles modèles. Le groupement de femmes ici, qui produisait du gari et du tapioca, fera désormais, en plus, la transformation du manioc en « atchèkè », un met de plus en plus présent dans les habitudes alimentaires des Béninois surtout au sud-Bénin. Micheline Baba, la présidente du groupement, avoue qu’il s’agit là d’un appui capital pour le renforcement de leur capacité de production et l’augmentation de leurs revenus. « C’est plus d’argent que nous gagnerons désormais. Nous aurons désormais moins de soucis pour répondre aux besoins financiers de nos enfants. Face aux demandes de nos enfants, nous ne tournerons plus en rond et nous ne dirons plus aux enfants d’aller-revenir avant de répondre », se réjouit-elle pensant à ses deux enfants dans cette école. Au-delà de l’école, le moulin rendra service à tout le village de Anagbo Ahowégodo et environ. « Dans les années passées, avant de moudre le maïs, il faut parcourir une dizaine de kilomètre pour aller à Kpanroun ou à Zè », se souvient le chef village Augustin Kpakpla heureux de noter le soulagement de ses administrés grâce à cet investissement par le biais de la cantine scolaire. Une partie des recettes du moulin et de l’unité de transformation servira d’appui au bon fonctionnement du PNASI et surtout pour sa pérennisation.
Avant le PAEEM, le PAM avait déjà permis à 35 écoles à cantine de bénéficier de construction d’infrastructures, de moulins et de mise en place de jardins scolaires pour un budget de 400.000 dollars soit environ 240.000.000 F Cfa grâce à son partenariat avec la fondation internationale Choithrams. Le PAM fait de la mobilisation de partenaires et de financements complémentaires plus qu’un devoir, à en croire Ali Ouattara.
« Nous sommes dans un partenariat fécond », Salimane karimou
Le ministre des enseignements maternel et primaire avoue que cet appui du PAM va au-delà du rôle premier que le gouvernement lui avait confié. Celui de l’acquisition et mise en place de vivres suivi du service de repas dans les écoles dans le cadre du PNASI. Salimane Karimou félicite le PAM pour son accompagnement au gouvernement au-delà des attentes. « Nous sommes dans un partenariat fécond », déclare le ministre. Recevant les clés des nouvelles infrastructures à Anagbo Ahowégodo, il a invité la communauté à en faire bon usage. Le ministre a surtout appelé tous les acteurs du système éducatif à plus d’implication et d’engagement dans la gestion de l’alimentation scolaire. Ceci, pour ses bienfaits aussi bien pour les apprenants que pour les communautés en général.
L’amélioration du système éducatif national et le renforcement de l’économie nationale au cœur du PNASI
Le PNASI a permis de corriger le tableau sombre d’avant 2016 dans le secteur de l’éducation de base marqué par le faible taux de scolarisation, le taux élevé d’abandon et d’échec scolaire notamment en milieu rural, selon les témoignes du Ministre des enseignements maternel et primaire. Au Bénin, plus de 1.300.000 écoliers dont 47% de filles sont bénéficiaires de repas scolaires. « Ce chiffre représente plus de 10% de la population du Bénin », relève le représentant résident du PAM au Bénin. « Le PNASI couvre, à ce jour, 5709 écoles réparties sur tout le territoire national, soit un taux de couverture de 75% des écoles primaires publiques », précise-t-il.
Une bonne partie des vivres pour nourrir ces enfants est achetée au plan local. Le représentant résident du PAM parle de 7038 tonnes de produits locaux achetés en 2021 passé à 30.000 tonnes en 2023 correspondant à plus de 11.350.000 dollars, soit environ 6,9 milliards de francs Cfa injectés en une année dans l’économie nationale. « Au Bénin, le PNASI, tout en mettant d’améliorer le système éducatif national, contribue également au renforcement de l’économie du pays. Selon une étude sur l’analyse coût-bénéfice de l’alimentation scolaire menée en 2018 au Bénin avec l’appui du PAM, 1 dollar investi rapporte un gain de 5,2 dollars », rapporte-t-il. Ce qui prouve bien que le Bénin est déjà en phase avec le thème de célébration de la JAAS 2024 qu’est : « Investir dans l’alimentation scolaire basée sur la production locale afin de transformer les systèmes éducatifs – pour un avenir inclusif et prospère en Afrique ».