A l’école primaire publique (Epp) Sèdjrogandé dans l’arrondissement de Soclogbo à Dassa-Zoumè, une association de pères née dans le village s’engage pour appuyer la cantine scolaire. En plus des appuis en bois de chauffage et des condiments durant l’année scolaire qui s’achève, ils s’organisent déjà, notamment au champ, pour renforcer dès la rentrée scolaire 2024-2025 leurs contributions. Ceci, en vue d’un bon fonctionnement mais surtout de la pérennisation du programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) dans leur école vu les bénéfices pour leurs enfants mais aussi le soulagement qu’ils en tirent dans leurs foyers respectifs.
Franck Wolou. Moins de la quarantaine, le jeune homme est à la tête de Gbèchégnon Vidolé, une association de pères de famille, pour la plupart jeunes, à Soclogbo dans la commune de Dassa-Zounmè, département des collines au Bénin. Très tôt, ce matin du lundi 17 juin 2024, il conduit son équipe à l’école primaire publique Sèdjrogandé. C’est ici que commence leur semaine. Chacun avec sa houe, ils labourent des périmètres derrières l’école. Au fur et à mesure qu’ils font les billons, des femmes sèment du maïs puis pointent des pieds de manioc. C’est l’expression de leur engagement pour accompagner cette école dans sa deuxième année de cantine scolaire.
Après une tentative manquée il y a quelques mois, Franck Wolou et ses pairs ne démordent pas. Ils sont revenus et s’activent ainsi pour le compte de l’année scolaire 2024-2025. « En février, ils voulaient déjà faire un champ de pois d’Angole -Kloécoun en langue fon-. Ils ont défriché environ un demi hectare mais à cause de la sécheresse, ils n’ont pas pu faire la culture », raconte le maître cantine, Privat Tougbéto. C’est désormais le bon moment, à en croire le président de l’association, Franck Wolou. « Si vous venez ici à la rentrée prochaine, ce sera beau dans notre champ », rassure-t-il. Epiphane Elonou, secrétaire général de l’association, informe qu’ils feront du gari avec le manioc qui sera récolté. « Si nous vendons le gari et le maïs, on pourra payer ce qui va manquer en termes de condiment pour que nos enfants mangent un bon repas. Le gari va accompagner aussi le haricot. S’il y a d’économie, on déposera dans la caisse de la cantine », confie le secrétaire général.
Gbèchégnon Vidolé, la solution
D’après le maître cantine, cette initiative née à la suite d’une campagne de sensibilisation du médiateur cantine scolaire dans la communauté, vient soulager le comité de gestion de la cantine. Pour Privat Tougbéto, il fallait cette solution collective face aux besoins en condiments et autres ingrédients pour enrichir les repas des enfants. « Individuellement, ça ne va pas dans la communauté ici en termes d’apport. Mais ensemble, le problème est réglé. S’ils font les récoltes, on peut vendre et payer les condiments. », affirme le maître cantine heureux de la mobilisation spontanée de ces parents. Son collègue Sosthène Dahèou rapporte que ce soulagement se note d’abord au sein des foyers. « Il y a des enfants qui vont à la maison à midi mais ne trouvent pas à manger. Trouver deux boules d’akassa à l’enfant, c’est difficile.», affirme-t-il. « La cantine scolaire à régler beaucoup de chose », ajoute l’instituteur.
Le secrétaire général de l’association des pères avoue ne pas pouvoir énumérer tous les bienfaits de la cantine. « Nos enfants ne sont plus exposés aux risques d’accident de circulation chaque après-midi. Nous sommes tous agriculteurs. Si je n’arrive pas à déposer le repas pour mon enfant avant d’aller au champ, je serai obligé de rentrer à midi pour lui trouver à manger mais désormais l‘Etat a demandé que je donne seulement 25F et mon enfant va manger bien à l’école. Et effectivement ils -les enfants, ndlr- mangent bien et on sent le changement. », témoigne-t-il. « Ce que l’enfant va manger à midi n’est plus un souci. En plus, on leur change de mets, des aliments riches. Cela évite les petites maladies. La cantine rend nos enfants beaux et en bonne santé », renchérit dame Louise Gnancadja, membre de l’association des femmes dans cette école.
Quand l’eau freine les élans
L’association Gbèchégnon Vidolé est disposée à œuvrer autant que se peut pour maintenir la cantine à l’EPP Sèdjrogandé à travers diverses activités de pérennisation. Elle veut bien faire déjà un jardin pour cultiver des légumes, de la tomate et du piment mais elle est freinée par le manque d’eau. Déjà pour en trouver pour préparer à la cantine, c’est un calvaire au quotidien. Au-delà de l’effort des parents à cet effet, les enfants sont aussi mis à contribution avec de petits bidons. Enseignants et parents d’élèves affirment que c’est la première et principale difficulté liée à la cantine scolaire dans cette école.