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« Classe moyenne féminine et demande de service de garde d’enfants en Afrique de l’Ouest… »: L’étude aboutit à des « modèles immédiatement consommables »

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Une équipe des experts et chercheurs du projet d’étude « Classe moyenne féminine et demande de service de garde d’enfants en Afrique de l’Ouest : cas du Bénin, du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal » a présenté au Bénin, les résultats de recherche. C’était à la faveur d’un atelier de dissémination organisé le mardi 22 août 2023 à Cotonou. Des résultats de leurs recherches, il ressort des recommandations jugées opérationnelles qui au Bénin rencontrent la vision du gouvernement et seront très utiles pour renforcer les mesures prises par l’Etat sur la thématique en question.

La femme reste limitée lorsqu’elle doit embrasser en même temps les travaux domestiques -y compris la garde des enfants- et le travail professionnel qui lui apporte rémunération. Comment l’aider alors pour la soulager un peu, la rendant ainsi capable d’apporter beaucoup plus en termes de travail rémunéré et de contribution à la croissance économique ? Le projet de recherche « Classe moyenne féminine et demande de service de garde d’enfants en Afrique de l’Ouest : cas du Bénin, du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal » en propose des solutions au bout d’une étude de 30 mois conduite par 22 chercheurs dans ces pays. 

C’est un projet réalisé par le Laboratoire de recherches sur les institutions et la croissance (LINC), en collaboration avec l’Université Amadou Mahtar MBOW (UAM) avec le soutien technique et financier du Centre de recherches pour le développement international (CRDI). Après la présentation globale du projet et des résultats de l‘étude le 27 juillet 2023 à Dakar au Sénégal, l’étape de dissémination au Bénin a eu lieu le mardi 22 août 2023 à l’hôtel Méditerranéen à Cotonou. 

En général, ce projet vise à améliorer les conditions des femmes mais aussi de protection et de prise en charge des enfants dans les pays concernés, à en croire le directeur général de l’Observatoire de la famille, de la femme et de l’enfant (OFFE) du Ministère des affaires sociales et de la microfinance, Nassirou H. KASSOUMOU. L’OFFE a été le partenaire stratégique de ce projet au Bénin. Le Directeur indique que le ministère s’y est impliqué au regard des thématiques majeures en question à savoir la promotion de la femme, la promotion du genre et la protection de l’enfant. « Nous avons veillé dans le cadre de cette étude à ce qu’il y ait un rapprochement entre la recherche fondamentale qui est faite par les universitaires et la recherche action qui est faite par les structures opérationnelles du ministère pour pouvoir sonder tous les aspects liés aux trois thématiques qui sont des défis ».

Vie professionnelle et garde d’enfants : une équation complexe

Au Bénin, l’étude a porté spécifiquement sur l’axe 5 du projet à savoir « Analyse de la répartition du temps des femmes entre travail rémunéré et travail non rémunéré ». Il s’est agi d’analyser l’arbitrage que font les femmes dans la répartition de leur temps entre le travail domestique et la participation au marché du travail rémunéré, à en croire Docteur Sylvain HEKPONHOUE. Dans sa présentation des résultats sur le Bénin, il indique que les chercheurs ont analysé les facteurs déterminants de cet arbitrage et les influences de l’accès aux garderies sur la répartition du temps. 

Il en ressort, dit-il, que c’est compliqué pour la femme d’opérer cet arbitrage et qu’il y a même une disparité entre l’homme et la femme en termes de répartition de temps qui fait que l’accès de la femme au marché du travail rémunéré est complexe. « Ce déséquilibre a même des conséquences sur l’avenir de la femme parce que les tâches domestiques l’empêchent finalement de consacrer suffisamment du temps –à la vie professionnelle, ndlr- et d’être promue », renchérit professeur Denis Acclassato HOUENSOU, qui a conduit l’étude au Bénin. 

L’étude démontre qu’au Bénin, « le choix des femmes pour le travail rémunéré ou non (domestique) est motivé principalement par le statut d’emploi de l’époux, le bas âge des enfants, la distance du domicile à une structure de grade d’enfants et l’âge de la femme. Les femmes dont les époux sont occupés ou dont les enfants sont en bas âge ont tendance à opter pour un travail non rémunéré privilégiant ainsi les responsabilités domestiques. L’éloignement de la structure de garde d’enfants est un handicap pour la femme qui désire participer activement au marché du travail. », résument les chercheurs.

Promouvoir des services de garde-enfant de proximité

Le professeur Denis Acclassato HOUENSOU rapporte que la femme de la classe moyenne – intermédiaire entre pauvre et riche, ndlr- peut apporter beaucoup plus en termes de contribution à l’économie mais pour qu’elle le fasse, il faut qu’on réduise la charge qu’elle porte en termes de travaux domestiques, en termes de garde enfant. « La conclusion est qu’il faut faire en sorte qu’elle soit moins chargée en ce qui concerne la garde de l’enfant et elle pourrait être meilleure en termes de contribution à la croissance inclusive. Lorsque la femme est libérée davantage de ses tâches domestiques, c’est le pays qui en sort gagnant en termes de croissance économique », souligne l’enseignant-chercheur.

Sur ce, l’étude a formulé des recommandations dont la mise en place de services de garde-enfants de proximité au niveau des structures décentralisées et des entreprises tout en trouvant le modèle économique adéquat. « De façon succincte, on dira que les gouvernements et les différentes institutions doivent œuvrer pour promouvoir ce service de garde-enfant, car cela en va de l’autonomisation de la gent féminine, et in-fine pour promouvoir la croissance économique de nos Etats », résume Dr Assion Clavercio LAWSON. En la matière, le Directeur général de l’OFFE relève que « le fait d’avoir mis ensemble les acteurs de la recherche fondamentale et les acteurs de la recherche action a permis déjà, à travers les résultats, d’avoir des modèles qui sont immédiatement consommables ».

Une contribution énorme à la vision avancée de l’Etat béninois

Au cours de cet atelier de dissémination, il y a eu aussi deux communications sur les mesures innovantes prises par l’Etat béninois pour promouvoir l’autonomisation de la femme en lien avec l’enjeu des services de garde d’enfants. Il est noté des points communs entre les innovations du gouvernement et les résultats de la présente étude en termes de modèles proposés. L’Etat béninois est même aller au-delà de la classe moyenne féminine pour s’intéresser aussi à la femme pauvre qui a besoin également d’aide pour se concentrer davantage sur une activité génératrice de revenue. 

Le gouvernement a pris il y a quelques semaines, un décret qui organise la garderie d’enfants en République du Bénin. La présente étude trace encore la voix pour progresser davantage. « Le gouvernement a pris déjà un certain nombre de mesures qui pourront être renforcées par les conclusions de cette étude. On est en phase avec l’étude ; on va s’approprier de l’étude. », informe le directeur général de l’OFFE, Nassirou H. KASSOUMOU.

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