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Insécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique: 2.318.231 personnes sous la menace de basculer en phase de crise entre juin et août 2022 au Bénin

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Au regard de l’évolution des changements climatiques ces dernières années et leurs impacts sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle davantage menacée par les crises Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, le risque d’une insécurité alimentaire et nutritionnelle aigue en Afrique persiste. 830.150 personnes seront en phase crise à pire au Bénin et 2.318.231 personnes en phase 2 risquent de basculer en phase 3 (crise) si leurs moyens d’existence ne sont pas renforcés, selon les projections de situation juin-août 2022. En réponse, il y a des mesures qu’il faille renforcer pour éviter une telle situation. Le webinaire du Remapsen organisé le jeudi 09 juin 2022 par sa coordination du Bénin a permis aux journalistes d’en savoir plus et d’alerter. 

« Sécurité alimentaire et nutritionnelle et changements climatiques ». C’est la thématique sur laquelle a porté le rendez-vous mensuel du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) pour le compte du mois de juin 2022. « Le Remapsen œuvre pour le repositionnement des thématiques santé et environnement au centre des préoccupations des médias en Afrique. Pour y arriver, le Remapsen organise chaque mois, un webinaire régional dans l’un des pays membres », a précisé le président du réseau, Bamba Youssouf, au début de ce webinaire organisé cette fois-ci par le Bénin. 

Le choix de cette thématique n’est pas anodin, à en croire la coordonnatrice du Remapsen-Bénin. Claire Stéphane Sacramento rappelle que le programme 2030 des Nations-Unies a mis au cœur de sa stratégie de développement durable, l’élimination de la faim et recommande à travers l’Objectif de développement durable (Odd) 2, l’assurance de la sécurité alimentaire pour tous, l’amélioration de la nutrition et également la protection d’une agriculture durable mais que l’Afrique est face à de nombreux problèmes pour satisfaire sa population sur le plan alimentaire et nutritionnel.

L’Afrique subsaharienne apparaît comme l’une des zones les plus touchées par l’insécurité alimentaire dans le monde. Plus d’un tiers des personnes touchées par la faim dans le monde en 2020 vivent dans cette région, soit un peu plus de 89.000.000 de plus que 2014 selon le rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2021. « A la base de cette grosse préoccupation, il y a les effets du changement climatique. On parle d’adaptation climatique. Comment s’y prendre ? », introduit Claire Stéphane Sacramento. 

L’évolution des changements climatiques …

Ce webinaire a été marqué par deux communications. Dans la première, sur le sous-thème « Consolidation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de changements climatiques : cas de l’Afrique », le représentant résident de la FAO au Bénin a décrit l’évolution des changements climatiques ces 20 dernières années en Afrique de l’Ouest et du Centre. Isaias Ange Obama Oyana rapporte qu’il y a eu des déficits pluviométriques, les grandes sécheresses, les pluies diluviennes et des inondations dévastatrices qui ont des conséquences sur les moyens de subsistance des populations. 

« On a pu constater que le nombre de catastrophes naturels a doublé en l’espace de 20 ans selon l’ONU, des inondations à répétition, des feux de forêt et des sécheresses empêchent les agriculteurs de planifier leurs cultures selon les saisons complètement bouleversées », a-t-il exposé. « Les terres perdent de leur fertilité et l’irrigation pluviale insuffisante ; les récoltes diminuent ; le bétail quant à lui peine à trouver de l’eau pour s’abreuver et le pâturage pour se nourrir », a-t-il ajouté. 

… à grands impacts sur les quatre dimensions de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

Ces bouleversements ont touché les quatre dimensions d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle que sont la disponibilité de la nourriture, l’accessibilité, la stabilité de la disponibilité et la bonne utilisation par les populations. A ce propos, le représentant résident de la FAO au Bénin relève que le caractère imprévisible et croissant du climat a provoqué un recul des rendements agricoles, la baisse des rendements agricoles avec un impact majeur sur le prix des aliments, l‘instabilité de la production agricole entrainant l’augmentation considérable des prix des denrées alimentaires. « Tout ceci a un impact sur les personnes les plus pauvres qui ne peuvent parfois plus acheter des aliments de base », résume le communicateur. 

Au Bénin par exemple, selon la situation courante mars-mai 2022, il y a eu 11 communes en phase 3 dite phase crise, selon le secrétaire permanent du Conseil de l’alimentation et de la nutrition (Can) au Bénin, Alfred Acakpo. Dans sa communication sur « Sécurité alimentaire au Bénin : Chemin parcouru, défis et perspectives », le Sp/Can a indiqué que « ces communes ont été exposées à des chocs (sécheresses, inondations) qui ont fragilisé leur résilience ». Les populations en phase crise à pire au plan national sont estimées à 1.225.957 soit 9,49% de la population analysée, a-t-il rapporté.

Il y a eu 41 communes en phase 2 dite phase sous pression. « Il s’agit des communes du sud caractérisées par une consommation alimentaire limitée en lien avec la hausse générale des prix des produits agricoles et l’installation de la soudure dans la partie sud du pays ». Puis 23 communes en phase 1. Ce sont les communes où plus de 80% des ménages n’ont pas eu recours à des stratégies d’adaptation pur assurer leur consommation alimentaire. Selon les projections sur la période juin-août 2022, 830.150 personnes seront en phase crise à pire et 2.318.231 dans la phase sous pression. Ces dernières ont besoin d’actions de renforcement de leurs moyens d’existence afin de ne pas basculer en phase crise, prévient Alfred Acakpo.

Les mesures d’atténuation

D’après l’exposé du Sp/Can, face à la situation, il y a eu des mesures d’atténuation qui ont été mises en œuvre au Bénin. Il y a encore nécessité de les poursuivre et les renforcer.  Entre autres, les soutiens financiers aux entreprises et aux artisans, les subventions sur les tarifs de l’électricité et de l’eau, le plafonnement des prix de certaines denrées alimentaires de base, la subvention des intrants agricoles, etc. Sinon, des milliers de personnes en Afrique de l’Ouest et du Centre devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aigue, prévient le représentant résident de la FAO au Bénin. 

Isaias Ange Obama Oyana, confirme aussi que les stratégies d’adaptation et d’atténuation doivent être renforcées. A ce sujet, il résume que la priorité doit être accordée aux politiques nationales visant au développement de l’agriculture et la gestion durable des ressources naturelles, une vision à long termes reconnaissant la sécurité alimentaire comme un projet de société solidaire et une clarification des rôles des acteurs doit être menée. 

Il a mis aussi l’accent sur la mobilisation des ressources domestiques et externes pour mettre en œuvre l’ensemble des politiques, stratégies et programmes en faveur de la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique. « Nous devons nous préparer à s’adapter aux changements de paramètres auxquels nous nous sommes habitués pour assurer la sécurité alimentaire dans nos pays respectifs.», a insisté le Sp/Can.

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