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Mise en œuvre de la réponse d’urgence conjointe du PAM et du HCR au Nord-Bénin: Les témoignages et suggestions de quelques maires

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A Parakou, lors de l’atelier de capitalisation de la réponse d’urgence conjointe du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Nord du Bénin, plusieurs acteurs plus proches des bénéficiaires ont témoigné sur cette opération d’assistance monétaire aux ménages déplacés internes et réfugiés dans les départements de l’Alibori et de l’Atacora. Ils ont aussi donné leurs avis sur ce qu’il faut améliorer et surtout comment rendre autonomes ces personnes vulnérables.

Bio Salako Tamou, maire de la commune de Banikoara: L’opération a permis de régler beaucoup de problèmes sociaux.

« L’opération d’assistance aux personnes déplacées internes et aux réfugiés dans la commune de Banikoara a été la bienvenue. Elle a permis de régler beaucoup de problèmes sociaux qui avaient commencé par se poser dans la commune. Ces personnes déplacées dans la commune suite aux attaques terroristes avaient commencé par avoir des difficultés liées à la perte de leurs activités agricoles, des difficultés liées à l’alimentation. Fort heureusement, il y a eu cette assistance. Le gouvernement à travers le PAM et le HCR a songé soulager les peines de ces populations déplacées. Ces ressources mises à leur disposition ont permis de relever leur niveau de vie qui était précaire. Ces ressources leur ont permis d’avoir une alimentation acceptable et une nutrition maîtrisée pour les enfants et également pour les autres membres de la communauté. Ces assistances ont permis aux ménages de démarrer des activités génératrices de revenus. S’il n’y avait pas eu cet appui, on aurait eu beaucoup de problèmes en lien avec la sécurité dans la commune parce que ces étrangers qui viennent n’ont pas de quoi manger, ne savent pas où rester, n’ont pas d’activité. Ils vont se mettre dans le petit banditisme. Ces assistances ont contribué à régler ces problèmes liés aux petits banditismes dans la commune. C’est une opération à recommencer. 

Comme toute œuvre humaine, ce n’est pas parfait. Il va falloir à l’avenir améliorer un certain nombre de choses. On aurait souhaité que toutes les personnes ciblées pour l’opération puissent l’avoir. Il faut que ce soientt les véritables cibles qui bénéficient de ces appuis. Pour en arriver là, il faut que le ciblage soit revu. En faisant cette activité de ciblage, il va falloir mieux associer les maires, les chefs d’arrondissement et les chefs de village dans l’identification des personnes vulnérables. Mais pour ce qui est déjà fait, je tire un coup de chapeau au gouvernement et à tous les partenaires à savoir le PAM, le HCR et autres.»

Boukari Zakaria, Maire de la commune de Tanguiéta : Des vulnérabilités ont été réduites.

« C’est une satisfaction pour moi de prendre part à cet atelier qui était tant attendu. Nous saluons l’opération qui a été menée puisque nous voyons déjà les effets sur le terrain. Des vulnérabilités ont été réduites à une certaine mesure. Nous qui sommes dans les zones menacées par les actions des groupes terroristes du Sahel, sommes dans une situation critique. Beaucoup de gens sont venus du Burkina notamment, forcés de faire le déplacement pour trouver refuge chez nous. Nous sommes à une frontière entre deux pays où c’est le colon qui nous a partagés de part et d’autre. Quand ils ont été menacés au Burkina, ils sont venus dans les familles d’accueil et ils ont été reçus de manière conviviale. Après l’évaluation de leurs besoins, on a constaté qu’il y avait vraiment des difficultés. Le premier problème de ces réfugiés, c’était comment se nourrir. Il fallait répondre à cette situation pour éviter que ces gens que nous avions accueillis ne deviennent encore une source d’insécurité pour nous. C’était une préoccupation. L’État, à travers sa démarche envers le PAM et le HCR a répondu de manière automatique à notre demande. Nous saluons ce qui a été fait quand bien même il y a quelques réglages à faire pour améliorer ce qui se fait. 

Vous avez entendu les témoignages. Je sais ce qui se passe. Que ça soit sur le plan alimentaire, de la résilience ou de la scolarité, ces ménages qui ont pu bénéficier de cette assistance ont pu régler ces problèmes. La scolarité est gratuite, mais il y a des moyens d’accompagnement pour l’alimentation, les fournitures. Il y a surtout le volet alimentaire qui s’est amélioré.

Nous avons le témoignage que beaucoup de gens qui venaient se plaindre au niveau de la mairie pour dire que rien n’est fait pour leurs enfants à l’école et comment aller au marché, sont en train d’être réglés. Nous remercions le gouvernement et ses partenaires pour cette initiative pertinente pour améliorer la situation de ces réfugiés dans nos communes. 

Aujourd’hui, le véritable problème, c’est le nombre de réfugiés. Certains sont passés du statut de déplacé à demandeur d’asile et en réfugié. Le nombre augmente et les besoins augmentent logiquement. Ceux qui sont là, il faut régler entièrement leurs problèmes. De même, il ne faut pas abandonner ceux qui viennent. Qu’on le veuille ou pas, ceux qui ont de statut sont obligés de partager les moyens qu’on leur donne avec ceux qui viennent d’arriver. Les partenaires, le PAM et le HCR ont la liste des besoins que nous avons essayé de prioriser. L’évaluation qui est faite est basée sur l’alimentation parce que c’était la première priorité. 

À présent, il faut œuvrer pour que ces ménages ne dépendent pas de ces fonds. Comment faire pour que ces ménages soient autonomes parce qu’on ne peut pas les assister à vie ? Il faut trouver le mécanisme pour qu’ils soient autonomes à travers l’emploi, les activités génératrices de revenus. Si possible, leur trouver de champs, les accompagner dans les premières années pour avoir des récoltes suffisantes. Ce qui est sûr aujourd’hui, qu’on le veuille ou pas, même si la situation se régularise, au niveau de leurs pays, il y aura au moins 30 à 40% qui ne vont pas se retourner. Ils sont devenus des Béninois ; ça va être difficile pour eux de retourner, car le traumatisme est encore là. Donc il faut tout faire pour qu’à l’arrêt de cette assistance, ils puissent se prendre en charge.»

Yarou Kora Alain, représentant du maire de Kérou: « Au-delà de l’assistance, il faut trouver des actions durables dans le temps. »

« Je dois remercier le HCR et le PAM pour cette action qu’ils ont conjointement menée en direction des ménages déplacés au niveau de la commune de Kérou. C’est une action à saluer. Cette intervention a été un grand soulagement. Elle a contribué à la prévention de la malnutrition chez les enfants -de 6 à 23 mois, ndlr-.

Par rapport aux leviers sur lesquels il faut agir pour mieux réussir cette opération pour les fois à venir, c’est d’impliquer les autorités au niveau local qui maîtrisent mieux leurs populations. Nous ne savons pas quand la situation va se stabiliser pour que ces personnes déplacées puissent rejoindre leurs lieux habituels. Au-delà de l’assistance, je voudrais que le PAM et le HCR réfléchissent pour trouver des actions durables dans le temps.»

Propos recueillis par Blaise Ahouansè 

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