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Bénin : Les travailleurs expriment leur ras-le-bol face à la cherté de la vie

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La Bourse du travail à Cotonou était devenue très petite dans la matinée du vendredi 18 février 2022 pour contenir la masse de travailleurs au Bénin venus exprimer le cri de détresse de citoyens qui, disent-t-ils, « survivent par miracle tous les mois », et exiger des mesures promptes du gouvernement face à l’urgence sociale qu’ils ont relatée. « Excessivement salé, excessivement cher ; nous ne pouvons plus vivre comme ça ; on ne peut plus se taire ! A la vie chère, je dis non, non et non ! », ont-ils crié.

La vie chère au Bénin. C’est le motif du meeting des travailleurs qui s’est déroulé le vendredi 18 février 2022 à la Bourse du travail au Bénin. Elle a connu une forte mobilisation, cette initiative de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) rejointe par les autres organisations faîtières dont la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin), la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), la Centrale des syndicats des secteurs privé, parapublic et informel du Bénin (Cspib), l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) et la Centrale des syndicats unis du Bénin (Csub) au regard de la justesse de la cause et vue l’urgence.

Travailleurs du public comme du privé se sont levés pour exprimer leur souffrance. « Oui nous sommes réunis pour dire notre ras-le-bol face à la cherté de la vie », a dit le secrétaire général de la Csa-Bénin, Anselme Amoussou. « Ce rassemblement que les six organisations faîtières organisent doit être perçu comme le cri de cœur des citoyens qui ont mal, qui sont mal dans leur pouvoir d’achat qui n’en est plus un, qui sont mal dans leur statut de parents devenus incapables d’assumer le minimum à la maison, qui sont mal dans leur dignité d’époux. C’est également l’expression de notre colère et de notre mécontentement face au code général des impôts, face à la diminution de nos salaires, face au non-paiement des arriérés de salaire, face au refus de réunir la session de négociation pour trouver les solutions réalistes au mal être individuel et collectif », a-t-il précisé.

Le tableau de la situation

En description de la situation, le Sg/Csa-Bénin rapporte que « la mesure de petits poissons au marché est passée en deux ans à 15.000F; l’huile importée est passée de 500F/L à 1200F sur la même période; le gari continue de nous narguer aujourd’hui à 300 F uaprès avoir atteint 500F en 2021; les motos à quatre temps qu’on pouvait acheter à 400 mille sont passées à plus de 500 mille sans aucune raison valable ».

Anselme Amoussou expose également qu’« il y a 6 ans, le taux de pauvreté était autour de 33% et qu’il est depuis 2020 au-delà de 45% ». « En langage facile, cela signifie que sur cent Béninois que vous prenez aujourd’hui, plus de 45 doivent essayer de vivre avec moins de 600FCFA par jour qui est le seuil de pauvreté. Quand vous rapportez cela à l’échelle des 11 millions d’habitants que compte notre pays, vous découvrez avec stupeur que le Bénin compte aujourd’hui près de 5 millions de pauvres », a-t-il déploré. Cette cherté de la vie est venue, selon lui, aggraver des situations déjà difficiles vécues par un grand nombre de travailleurs aussi bien du privé que du public.

Aux dires, du Secrétaire général de la Cosi-Bénin, les travailleurs n’en peuvent plus. « Nous attirons l’attention du pouvoir sur notre mal vivre, sur notre mal être. Nous ne pouvons plus vivre comme ça. Nous sommes venus exprimer notre ras-le-bol. Nous sommes fatigués. Nos salaires ne sont plus des salaires, c’est des ça a l’air. On ne peut plus se taire », a martelé Noël Tchadaré.

Le gouvernement doit agir

Face à cette situation, les travailleurs ont voulu, à travers ce meeting, interpeller le gouvernement pour des mesures appropriées. « Ce meeting, c’est pour interpeller le gouvernement. C’est un signal que nous envoyons au gouvernement du président Talon pour dire, il y a urgence à agir, il faut agir vite et bien parce que le peuple souffre, les travailleurs souffrent », a affirmé le SG/Cosi-Bénin. Son camarade de la Csa-Bénin renforce qu’il faut vraiment une réaction rapide. « On ne prend pas son temps quand on se retrouve en face d’urgences sociales, quand on se retrouve en face de citoyens qui survivent par miracle tous les mois. On va vite.», a-t-il indiqué. Ce que veulent les travailleurs, ce n’est pas des décisions conjoncturelles mais des mesures qui s’inscrivent dans la durée, dira Noël Tchadaré.

Ce meeting était aussi une invite au gouvernement pour qu’il organise la session de dialogue avec les représentants des travailleurs. Laquelle session ils espèrent depuis l’annonce faite en décembre 2021 au sujet de la revalorisation des salaires. Vendredi dernier, la Csa-Bénin, la Cosi-Bénin, la Cgtb, la Cspib, l’Unstb et la Csub ont réaffirmé leur disponibilité à échanger avec le gouvernement et les associations patronales en vue de trouver les solutions qui soulagent les peines des travailleurs et des populations.

Blaise Ahouansè

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