La planification familiale (PF) s’avère un élément clé pour la capture du dividende démographique pour un développement durable. Sa promotion passe, entre autres conditions, par le respect des engagements budgétaires. Zoom sur les nouveaux engagements pris par le Bénin pour la PF et leurs impacts sur la transition démographique.
Depuis décembre 2021, le Bénin, à l’instar d’autres pays du partenariat de Ouagadougou, a pris de nouveaux engagements pour la période 2021-2024 dans le cadre de la promotion de la planification familiale (PF). Ils sont au nombre de 4 à savoir : « A partir de 2022 et sur la base des 250 millions de francs CFA affectés en 2019, augmenter de 10 % chaque année le budget alloué par le gouvernement à l’achat des produits contraceptifs pour porter la part contributive de l’Etat à 403 millions en 2026 » ; « Assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022 » ; « Accroître la prévalence contraceptive, à travers l’amélioration de l’accès et de l’offre des services adaptés de 11,7 % en 2017 à 20 % en 2026. » et « Réduire le taux de rupture de stock de 78% en 2019 à 35% en 2026 à travers l’amélioration de la disponibilité des produits contraceptifs jusqu’au dernier kilomètre ».
Dans les engagements, le Bénin a toujours pris des résolutions pour le financement de la PF. Le volet financier est une condition importante pour la réalisation des autres engagements. Seulement, la mise en application évolue en dent de scie. Après les engagements de 2017 à la Conférence de Londres, le Bénin a fait un grand pas en augmentant le budget alloué par le Gouvernement à l’achat des produits contraceptifs jusqu’à 250 millions de FCFA en 2019 et 2020. Mais la chute a été brusque et très considérable. Ce budget est passé à 50 millions F CFA à 2021. Avec le premier engagement des quatre nouveaux suscités, il y a espoir de remonter la pente, pourvu que cet engagement soit respecté, et ce, avec un impact direct sur les trois autres.
L’une des conséquences immédiates sera l’amélioration de la disponibilité des produits contraceptifs qui induirait la disponibilité des services de PF surtout au niveau périphérique qui demeure une urgence au Bénin. Il est à observer en effet que la prévalence contraceptive aux méthodes modernes reste encore faible dans ce pays, pourtant il y a des besoins non satisfaits. Elle est de 12,4% selon l’enquête démographique de santé (EDS) réalisé en 2017. Un taux très loin de celui fixé dans les Objectifs de développement durable (ODD), 35% pour 2030. Investir plus pour la disponibilité des produits et des services de PF constituera du coup, une réponse aux besoins non satisfaits au niveau communautaire.
Ceci engendra ainsi donc l’accélération du taux de prévalence contraceptive aux méthodes modernes puis une réduction du taux de fécondité qui pourra freiner le rythme de croissance démographique actuel au Bénin. Avec son rythme de croissance démographique de 3,5% par an, le Bénin doublera sa population d’ici 2030 avec 16,6 millions d’habitants, alors qu’il a une forte population en charge, 45% de la population à moins de 15 ans, et 32,8% sont des adolescents et jeunes de 10-24 ans d’après le quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitation (Rgph-4). La réduction de la fécondité permettra le changement de la « structure par âge » et de capter le dividende démographique, passage à une population fortement active. Autrement, ceci fait baisser la part de la population à charge (0-15 ans et plus de 65 ans) puis augmente la part de population potentiellement active (16-65 an). Entre autres avantages, on peut citer, l’augmentation de la production économique, l’augmentation du revenu national total et du revenu par habitant, la réalisation des économies et investissements internes. Le développement durable du pays en dépend.