Face à l’insuffisance des souscriptions de 25F par enfant et l’échec d’autres initiatives pour assurer la disponibilité des condiments et protéines animales nécessaires pour la cantine scolaire à l’Ecole primaire publique Tohouehoue dans la commune de Djakotomey, Gabriel GBADESSI, un jeune revendeur de 26 ans, arrive au secours avec la complicité de sa femme. Après quelques mois d’apport en condiments, huile et poissons à Tohouehoue en guise d’expérience, il décide d’en assurer pour toutes les écoles à cantine dans son arrondissement dès la prochaine rentrée scolaire. C’est le résultat d’un changement de stratégie en termes de mobilisation communautaire opéré par les superviseurs et médiateurs du Programme National d’Alimentation Scolaire Intégré (PNASI) dans cette zone géographique.
« Ici, les enfants ne payent pas les 25F pour acheter les condiments pour améliorer la qualité des repas. Avec un effectif de 391 élèves, on cotise environ 1000 FCfa. Ici, l’école n’a pas de domaine pour mettre en place un champ ou un jardin scolaire. Les gens refusent d’en donner aussi. Quand on fait les Assemblées générales (AG), les parents prennent des engagements mais ils ne les respectent pas une fois sortis de l’AG. Etc. ». L’implication communautaire indispensable pour la mise en œuvre du Programme National d’Alimentation Scolaire Intégré (PNASI) est encore faible à l’Ecole primaire publique Tohouehoue, nouvellement inscrite à ce programme dans la commune de Djakotomey dans le département du Couffo. C’est du moins le tableau que nous expose le superviseur Faustin GOSSA, ce matin du mardi 23 mai 2023. « Ce que les enfants cotisent ne suffisait pas pour acheter les condiments et les fretins. Même avec l’aide financier du directeur, ça ne suffisait pas pour préparer un met de qualité », confirme Ange Akpo, maître-secrétaire cantine dans cette école.
La réponse qui a payé
Conformément à leur cahier de charge notamment sur le volet sensibilisation des communautés pour leur implication non seulement au bon fonctionnement mais aussi à la pérennisation de ce programme, le superviseur et les médiateurs de la zone ont changé de stratégie pour contrer ces difficultés. « C’est pour cela que nous avons adopté une autre stratégie qui consiste à faire les sensibilisations porte-à-porte. On a constaté que les sensibilisations porte-à-porte donnent plus. Nous avons donc mis l’accent sur ce type de sensibilisation », rapporte le superviseur.
Cette stratégie a payé sans tarder notamment à Tohouehoue et à Koudjihoue. A Tohouehoue, Gabriel GBADESSI a répondu à l’appel en mars dernier par un don constitué d’un bidon d’huile de 25 litres, un sac d’oignon, une bassine de piment sec, un panier de fretin et un sac de sel. « Grâce à lui, on a commencé par améliorer le repas », se réjouit le maître-secrétaire cantine.
Ce donateur, avec une idée précise déjà de ce que cela peut lui coûter, a pris l’engagement d’assurer les condiments et les fretins pour toute l’année scolaire à l’Epp Tohouehoue et dès l’année prochaine pour toutes les écoles à cantine dans son arrondissement. « Nous sommes dans un milieu où nos parents n’ont pas les moyens. Il y a des enfants à qui les parents ne trouvent pas 25F tous les jours pour l’école. C’est difficile pour l’enfant de manger à l’école. Si le gouvernement a mis en place ce programme de cantine scolaire, il faut qu’on accompagne. Je suis là pour toute l’année. L’année prochaine, nous sommes en train de prendre les dispositions pour toutes les écoles dans l’arrondissement », affirme le donateur. Il avoue que ce n’est pas impossible et qu’avec sa femme, son associée de commerce, il y arrivera. Il est aussi ouvert si d’autres jeunes veulent rejoindre cette action.
Pour la scolarisation et le maintien des enfants à l’école
Au-delà d’une contribution au PNASI, Gabriel GBADESSI le fait surtout pour encourager les parents à la scolarisation et au maintien des enfants à l’école, ceci, face aux discours de désintéressement à l’école dans son milieu. « Les gens disent que l’école ne donne plus rien. Ça fait qu’aujourd’hui, nos frères et sœurs sont à la maison ; les parents ne taillent plus d’importance à l’étude », rapporte-t-il. Pour corriger ceci, il faut aider à lever les difficultés que les parents évoquent, défend-t-il.
Le défi
« Le défi, c’est comment faire pour décrocher d’autres fils du milieu qui ont les moyens », soulève Ange Akpo, maître-secrétaire cantine. « Nous sommes en train de prendre contact avec d’autres opérateurs économiques dans la commune pour qu’ils puissent appuyer en matière de condiments, de construction de cuisine en matériaux définitifs, etc.», annonce le superviseur Faustin GOSSA. L’objectif, à l’en croire, c’est de le faire dans toutes les 93 écoles à cantine de la commune de Djakotomey.