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Promotion de la Planification familiale : Devoir pour l’Etat béninois de lever la barrière « coût »

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Le Bénin a pris quatre nouveaux engagements en décembre 2021 pour la promotion de la planification familiale (PF). Au point 2, le pays s’est engagé à « Assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022 ». L’amélioration de la santé des filles et des femmes en dépend. L’Etat en demeure débiteur.

Le coût ne doit pas être un obstacle à la pratique de la contraception moderne. Le gouvernement béninois en est conscient et a toujours pris des engagements à ce propos. A l’instar des neuf (9) pays du Partenariat de Ouagadougou, le Bénin s’était aussi engagé en 2013 à Addis Abeba pour « rendre gratuit les méthodes modernes de la PF chez les jeunes à partir de 2015 ». Ceci a été renforcé en 2017 lors de la conférence de Londres. Le pays a désormais promis « fournir gratuitement les services de planification familiale dans les établissements de santé publique à toute la population béninoise y compris les adolescents et jeunes d’ici la fin de 2019 ». Lors des nouveaux engagements en décembre 2021, ce volet est revenu dans les quatre engagements du Bénin notamment en deuxième position en ces termes : « Assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022 ». Le Bénin a vu juste mais force est de constater que cela n’est resté jusque-là que sur papier ou sur les lèvres même si certaines zones sanitaires ont commencé une gratuité timide dans la course vers certains indicateurs a elles exigés par le ministère de la santé.

La promotion de la PF en souffre

Cette situation ne favorise guère la promotion de la PF et ne permet pas de corriger le tableau pour l’instant sombre caractérisé par un taux de prévalence contraceptive de 12,4%, un taux de Mortalité Maternelle de 391 décès maternels pour 100.000 nouveaux nés et 32,3% de besoins non satisfaits en planification familiale d’après l’EDSBV 2018. Le niveau d’accès aux services PF en est une cause. Le coût continue de constituer un obstacle à l’accès. Selon la gamme, le coût de certaines méthodes peut varier entre 1000 F et 2000 F Cfa. Au Bénin, « 10% des femmes mariées présentant un besoin non satisfait invoquent des raisons de coût et 7% seulement, l’accès. Le Bénin n’en affiche pas moins l’une des plus grandes proportions mondiales de femmes mariées invoquant le coût et l’accès comme raisons d’absence contraceptive. Parmi les femmes célibataires jamais mariées qui présentent un besoin non satisfait, un total de 5% invoque le manque d’accès ou le coût », selon le Rapport décembre 2015 de Guttmacher Institute. « 3% et 2% des femmes qui ont arrêté leur méthode invoquent, respectivement, des raisons de coût et d’accès, mais le coût est invoqué par de plus grandes proportions de femmes rurales (6%) et plus démunies (7%) que par leurs homologues urbaines (1%) et mieux loties (2%) », selon Guttmacher Institute.

La gratuité ou la garantie du bien-être de la fille et de la femme

Arriver à la gratuité serait une avancée notable pour accroître l’accessibilité aux services de la PF aux filles et femmes en âge de procréer en leur permettant ainsi un accès sans soucis financier. L’amélioration de l’accès aura immédiatement un effet positif sur le respect d’un autre engagement, celui d’« accroître la prévalence contraceptive de 11,7 % en 2017 à 20 % en 2026 chez toutes les femmes, … ». Il ne s’agit pas seulement d’un indicateur mais plutôt d’une question de vie.

L’augmentation du taux de prévalence contraceptive est synonyme de ce que de nouvelles femmes adoptent une méthode de contraception moderne, nombre de grossesses non désirées sont évitées, le taux d’avortement clandestins et non sécurisés diminue, plusieurs vies de filles et femmes vont être sauvées, etc. « Si on promeut la PF, on n’aura plus axé de grossesses non désirées et précoces ; on va tendre à la réduction des avortements clandestins non sécurisés », affirme Jérôme CHATIGRE, Directeur exécutif de l’Ong GRAFED et Coordonnateur de la Coalition des OSC pour la planification familiale au Bénin.

« L’utilisation de la contraception protège les femmes, en particulier les adolescentes, des risques que peuvent représenter les grossesses pour leur santé et lorsque les naissances sont espacées de moins de deux ans, le taux de mortalité chez le nourrisson est supérieur de 45 % au taux de mortalité lorsque les naissances sont espacées de 2 à 3 ans, et supérieur de 60% au taux de mortalité lorsqu’elles le sont de quatre ans ou plus. […] La contraception renforce les droits des populations à choisir le nombre d’enfants qu’elles souhaitent avoir et à déterminer l’espacement des naissances.», selon l’OMS – https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/family-planning-contraception-.

La coalition des OSC/PF du Bénin en collaboration avec l’ABPF souhaiterait que le Bénin honore ses engagements dont celui lié à la gratuité des services PF pour la santé et le bien-être des femmes et de leurs familles. Même-si visiblement, l’échéance -fin décembre 2022- ne sera pas respectée, il vaut mieux concrétiser tard cet engagement que jamais afin de lever l’obstacle financier majeur à la pratique de la Planification familiale.

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