Sarihatou Sido a désormais aussi de l’argent pour mettre en pratique l’éducation et la formation qu’elle a reçues pour améliorer la situation nutritionnelle dans son ménage de 11 enfants. Le projet Recoba dont elle bénéficie lui a transféré du cash qu’elle vient de toucher à Bogo-Bogo, commune de Karimama dans le département de l’Alibori au Bénin. C’est sa joie ce dimanche 5 décembre 2021.
38 ans, mère de 11 enfants. Sarihatou Sido est à sa deuxième expérience en termes de jumeaux. Née le 1er octobre 1983 à Torioh dans l’arrondissement de Bogo-Bogo au Nord-Bénin où elle vit avec son mari, la ménagère allaite des triplés depuis 9 mois. Deux garçons et une fille. Elle n’y arrive pas avec le lait maternel seul. « Je mange bien la pâte et la bouillie de sorgho et de maïs mais je me sens souvent faible », confie-t-elle. « On me conseille d’acheter de lait mais je n’ai pas les moyens », ajoute-t-elle. Faute de mieux, elle fait recours au lait de tradition dans son village. C’est de l’eau sur la farine du maïs ou du sorgho pilé. « On prend la poudre. Avec de l’eau on a l’amidon que je donne aux enfants », raconte-t-elle. Sa fille aînée se charge de servir ce liquide aux jumeaux lorsqu’ils ne sont pas aux mamelles de leur mère. « Les enfants se portent bien ; quelques fois la diarrhée ; mais ça peut aller » dit mère Sarihatou avec la triplée malade au dos.
Le PAM à la rescousse via Recoba
Sarihatou Sido garde espoir de ce qu’elle y parviendra. Elle en est plus que jamais convaincue pour avoir reçu, ce dimanche 5 décembre 2021, un appui financier destiné au renforcement du statut nutritionnel de ses enfants. Elle est en effet bénéficiaire aussi du volet assistance nutritionnelle du projet Résilience Covid-19 Borgou et Alibori (RECOBA). C’est un projet du Programme alimentaire mondial (PAM) financé par la Coopération Suisse. Elle a reçu 20.000 F CFA. « Une assistance nutritionnelle, c’est-à-dire, un cash qui leur permettra d’acheter les céréales et tous les nécessaires pour préparer la bouillie enrichie pour les enfants de 0 à 2 ans », précise Elom Pedanou, « Emergency preparedness and response officer » au PAM.
Arrivée sur le site de l’opération Cash-Based transfert (CBT) à Bogo-Bogo ce dimanche, Sarihatou Sido se sent soulagée. « Je vais nourrir mes enfants avec cet argent », déclare-t-elle toute joyeuse. Elle pourra désormais, à l’en croire, mettre en pratique la formation reçue en termes de fabrication de farine enrichie pour les enfants. C’était toujours sur le projet Recoba. « Pour nous assurer que ces mamans ont les connaissances et compétences requises, le PAM a assuré le renforcement de leurs capacités sur la préparation de la farine enrichie. Cette activité a effectivement eu lieu de façon théorique et pratique dans tous les villages avec toutes les mères concernées », rappelle Elom Pedanou. Dans cette zone, c’est l’Ong Dedras qui s’en est chargée. Il s’est agi d’une éducation nutritionnelle qui a pris en compte comment préparer une bouillie enrichie à base de produits locaux dont le maïs, le sorgho torréfié, le Soja, l’arachide, la poudre de néré et des feuilles de moringa. Les différentes possibilités de transformation et de mélange de ces ingrédients ont été appris aux femmes, il y a quelques mois. « Je vais mettre en pratique ce qu’on m’a demandé de faire pour les enfants », se réjouit Sarihatou Sido à la réception du cash.
Amélioration certaine de la situation nutritionnelle des enfants de Bogo-Bogo
Le Chef d’arrondissement (CA) de Bogo-Bogo, Hima Zivo, est persuadé de ce que la situation des enfants de cette femme et de tous les autres enfants bénéficiaires va s’améliorer avec cette éducation suivie d’appui financier. « Les enfants tombent beaucoup malade. Mais avec ce que le PAM nous apprend, la situation va changer. On leur -aux femmes, ndlr- apprend comment préparer la bouillie pour les enfants. L’aide va changer la situation. C’est un don pour aider à bien nourrir les enfants. », affirme le CA.
Le volet transfert de cash pour l’assistance nutritionnelle sur le projet Recoba concerne 3436 ménages de 25 villages des communes de Malanville et de Karimama. Trois villages sont pris en compte dans l’arrondissement de Bogo-Bogo à savoir Torioh, Banikani et Bogo-Bogo, d’après le CA. Il plaide pour qu’il y ait une autre phase au profit des autres villages qui selon lui, sont tous aussi vulnérables à la malnutrition aigüe.
Blaise Ahouansè